ALGER - Des candidats de l'opposition réclament toujours l'annulation des élections générales tenues lundi en République Démocratique du Congo (RDC) dénonçant "des manquements et irrégularités", des accusations rejetées par la Commission électorale qui se félicite du "bon déroulement" du scrutin malgré les violences. Dans un communiqué commun, trois candidats à la présidentielle ont dénoncé mardi d'une seule voix des "manquements et irrégularités" ayant entaché le scrutin présidentiel et les législatives de lundi, et exigé l'"invalidation" de ces scrutins. Il s'agit de l'opposant et président du Sénat Léon Kengo, d'Antipas Mbusa Nyamwisi et Adam Bombole Intole qui déclarent "n'accorder aucun crédit aux résultats qui pourraient résulter de pareils scrutins" et "exigent l'invalidation pure et simple des dits scrutins eu égard aux manquements et irrégularités dénoncés". Ces trois candidats ont aussi critiqué l'interdiction des meetings au dernier jour de la campagne électorale, l'existence de bureaux de vote "fictifs" ainsi que la découverte de bulletins de vote "parallèles, pré-remplis ou vierges au profit" du candidat Joseph Kabila, le chef de l'Etat sortant. Ces accusations ont cependant été complètement rejetées par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui refuse les demandes d'annulation des deux scrutins. "C'est une fuite en avant", a estimé le président de la Ceni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda lors d'une conférence de presse à Kinshasa au cours de laquelle il a défendu la commission électorale et son rôle dans l'organisation des élections le jour du vote et dans les opérations de dépouillements qui ont commencé lundi soir. "Il n'y a rien pour annuler ces élections, vraiment rien, on n'y pense même pas ! 99% des bureaux ont ouvert le jour du vote, et seulement 485 ont connu des problèmes", a-t-il assuré, appelant "les représentants des partis à aller compter les résultats". Durant toute la phase de préparation des élections, la Céni a été critiquée pour des retards, voire manque d'impartialité par des groupes d'opposition. Mercredi, les observateurs de l'Union africaine (UA) ont appelé les différentes parties politiques du RD Congo à "la retenue et au respect des résultats des élections générales" de lundi. Dans une conférence de presse à Kinshasa, les observateurs africains ont demandé à tous les acteurs politiques engagés "de continuer à faire preuve d'une grande retenue et d'esprit de responsabilité en acceptant le résultat des élections et en cas de contestation de recourir aux procédures et mécanismes prévus à cet effet". La mission de l'UA s'est en outre réjouie "de la bonne conduite des élections malgré les nombreux défis auxquels le pays est confronté et ont noté les difficultés techniques et logistiques qui ont émaillé le scrutin". De leur côté, des observateurs de l'Union européenne (UE) ont appelé mercredi au calme et à l'apaisement en RD Congo, et ce après les critiques et la demande de l'opposition d'annuler les élections. L'annonce des résultats provisoires des élections est prévue pour le 6 décembre pour la présidentielle, et le 13 janvier pour les législatives. Plus de 32 millions d'électeurs étaient appelés à voter lundi pour élire leur président et 500 députés. Onze candidats étaient en lice pour la présidentielle qui a vu le président sortant Joseph Kabila affronter une opposition divisée, alors que 18.864 autres candidats se disputaient les 500 sièges aux législatives, deux scrutins à un tour. Ces élections débutent un cycle (provinciales, sénatoriales, locales) prévu pour s'achever en juin 2013. Joseph Kabila est arrivé au pouvoir à l'âge de 30 ans après l'assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila en 2001, élu en 2006 en promettant le retour à la paix et la reconstruction du pays. Juste peu après le début du scrutin, des hommes armés ont attaqué un bureau de vote dans la ville de Lubumbashi (sud-est), tuant au moins dix personnes, selon des sources officielles. Sept assaillants, deux policiers et une civile ont été tués dans ces violences dans le centre de la capitale de la province du Katanga. Sept autres assaillants ont été arrêtés et au moins un policier a été blessé, selon un porte-parole militaire, le capitaine Katchong Mbav. La ville de Lubumbashi a été le théâtre d'une attaque contre un convoi de huit jeeps chargées de matériel électoral, sous escorte policière.