GENEVE - L'ambassadeur, représentant permanent de l'Algérie auprès de l'Office de l'ONU et des organisations internationales en Suisse, Idriss Djazaïry, a prône "une vision politique" globale de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à même de gérer les flux de migration à travers le monde. Les travaux de la 100e session du Conseil de l'OIM ont été l'occasion pour M. Djazaïry, également président du Conseil de cette organisation pour 2011, de souligner que cette réunion constituait "une excellente opportunité pour apporter la vision politique nécessaire au dialogue sur les défis et les opportunités de la mobilité humaine et les priorités dans la gestion de la migration". Dans son allocution d'ouverture des travaux de cette dernière session, qui coïncide avec le 60ème anniversaire de l'organisation, Idriss Djazaïry a indiqué, devant un parterre d'une cinquantaine de ministres, que "cette réunion permettra d'évaluer le rôle de l'OIM et sa contribution au sein des Etats et des migrants dans un monde en pleine mutation". M. Djazaïry a également fait part de l'évolution constante de l'organisation en termes de programmes, d'activités et d'adhésion de nouveaux Etats membres et pour preuve, a-t-il précisé, "14 nouveaux Etats ont rejoint l'OIM au cours de cette session", portant à 146 le nombre de pays adhérents. Il a, à la même occasion, mis en exergue les défis constants et grandissants auxquels fait de plus en plus face l'OIM comme en témoignent les crises humanitaires successives survenues en 2011, notamment en Côte d'Ivoire, en Corne d'Afrique et en Libye. A cet égard, M. Djazïry a rendu hommage à la contribution de l'OIM lors de la crise libyenne, notamment à travers l'évacuation de plus de 200 000 travailleurs migrants fuyant la violence dans ce pays vers les pays voisins d'Afrique du Nord. Par ailleurs, M. Djazaïry a évoqué les réformes engagées par le directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, depuis 2008 dans les domaines structurels, budgétaire et des ressources humaines. Il a, dans ce sens, parlé des réformes budgétaires en particulier, se félicitant des deux décisions prises par le groupe de travail chargé de cette question. Il s'agit de la création d'un fonds d'urgence répondant aux situations de crise, et l'adjonction des contributions des nouveaux Etats membres à la partie administrative du budget. Pour ce qui est de la déclaration de la délégation algérienne lors des travaux du Conseil de l'OIM, elle a été axée sur les points positifs induits par la migration humaine. Outre la contribution de la migration mondiale au développement humain à la fois des pays d'origine que des pays de destination, la déclaration a mis en relief la nécessité pour les Etats de rechercher constamment les meilleurs moyens de valoriser les apports des communautés émigrées en matière de savoir-faire, d'expériences professionnelles et d'investissement et de protéger leurs transferts de toutes natures vers leurs pays d'origine. "Le besoin du respect et de la protection des migrants irréguliers qui sont, pour la plupart, des personnes ordinaires à la recherche, avant tout, d'opportunités économiques", a été également souligné. Enfin, il a été question de la nécessité de mettre en place d'instruments de coopération bilatérale, régionale et mondiale efficaces, fondés sur le respect des droits de l'homme et de la dignité humaine et le besoin de la ratification, pour les pays qui ne l'ont pas fait, de la convention internationale sur la protection des travailleurs migrants et des membres de leurs familles. Les assises de Genève ont par ailleurs été l'occasion pour la délégation algérienne de rappeler que l'Algérie, de par sa situation géographique, était à la fois, "un pays d'origine, de transit et de destination de migrants". Le pays accueille de ce fait un flux important de migrants en provenance de plusieurs pays africains et asiatiques, et continue à gérer un nombre significatif de ses propres ressortissants à l'étranger présents principalement en Europe mais aussi dans d'autres régions, selon les représentants algériens. La délégation algérienne a également évoqué le rôle de l'Algérie et son action déployée au niveau méditerranéen, africain, et européen afin d'"ancrer la problématique de la migration internationale dans celle du développement des droits de l'homme et de la libre circulation des personnes". Une approche qui s'inscrit dans le cadre de la position commune de l'Union africaine définie par les experts en avril 2006 à Alger et approuvée par le sommet de l'UA à Banjul ainsi que par la déclaration de la Conférence de Tripoli sur les migrations et le développement. Le rôle joué par l'Algérie lors de la crise libyenne, à travers le maintien de ses frontières ouvertes aux migrants des pays tiers dans l'esprit de sa tradition d'accueil et de solidarité à l'égard des personnes en détresse, a également été évoqué. Enfin, à l'occasion de cette 100ème cession, l'OIM a exposé son rapport qu'elle a intitulé "Etat de la migration dans le monde 2011". Ce rapport analyse les principales tendances de la migration observées en 2010 et 2011. Il y est constaté que la migration demeure un phénomène encore largement incompris à notre époque, pourtant caractérisé par une mobilité humaine. Ce rapport, qui affirme que la migration est tout à la fois une réalité et une nécessité, plaide en faveur d'un changement de discours sur la migration, notamment politique, celui des médias et de l'opinion publique, souvent négatifs sur les incidences socioéconomiques de la migration. Pour contrecarrer cet état de fait, il est, selon ce rapport, "absolument nécessaire" de bien communiquer sur la migration, car gérer les flux migratoires signifie aussi gérer également la façon dont les migrants sont perçus dans la société.