WASHINGTON - Le secrétaire d'Etat adjoint américain pour les Affaires politiques et militaires, Andrew Shapiro, a déclaré lundi que les Etats-Unis ne détiennent pas de ''preuves solides'' sur une fuite d'armes hors du territoire libyen mais ils en demeurent ''très préoccupés''‘. Ce haut responsable du département d'Etat s'exprimait lors d'un point de presse tenu à l'occasion de la publication d'un rapport américain sur la destruction des armes conventionnelles non sécurisées, présenté par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Interrogé sur la prolifération des armes en Libye engendrée dans le sillage du conflit armé, M. Shapiro a indiqué que l'équipe d'experts américains et libyens sur place avait identifié et sécurisé près de 5.000 Systèmes portatifs de défense aérienne (MANPAD). Selon lui, ''des milliers d'autres de ces MANPAD ont été probablement détruits pendant la campagne de bombardements de l'Otan et que le reste se trouverait en Libye entre les mains des milices ou pillé des stocks de munitions''. La solution, a-t-il considéré, ‘‘est de convaincre ceux qui détiennent ces armes de les restituer'' et de les mettre en sécurité, précisant que des discussions ont également été engagées avec les milices libyennes dans cet objectif. Dans ce sens, les Etats-Unis ‘‘travaillent avec les autorités libyennes sur la meilleure façon d'accomplir'' cette opération, a poursuivi M. Shapiro lequel avait abordé cette question avec les autorités libyennes, la semaine dernière, lorsqu'il était en visite en Libye qui disposait d'un stock de 20.000 missiles portatifs avant le début de la révolte, en février dernier, acquis dans les années 1970 et 1980. A la question de savoir combien d'armes étaient encore entre les mains des milices et celles qui auraient été sorties hors de la Libye, M. Shapiro a souligné que les experts américains et libyens ‘‘poursuivent leurs efforts pour catégoriser et évaluer le nombre d'armes en fuites'. Sur ce point, il a précisé que les experts doivent ‘‘aller dans les zones de stockage des munitions qui ont été bombardées et les déterrer'' pour pouvoir faire un inventaire complet. Selon ses propos, les Etats-Unis ''n'ont vu aucune preuve solide selon laquelle des armes auraient quitté (la Libye), mais nous sommes évidemment très préoccupés à ce sujet, et c'est pourquoi nous avons engagé un tel effort substantiel sur le terrain pour travailler avec les autorités libyennes à récupérer les armes''. M. Shapiro a également fait savoir que la récupération et la sécurisation des armes ne concerne pas uniquement les MANPADS mais aussi les autres armes conventionnelles. Pour sa part, Mme Clinton a indiqué que les Etats-Unis et la Libye ‘‘travaillent ensemble pour élaborer l'inventaire des stocks des armes dangereuses et des munitions et détruire les armes qui dépassent les besoins de la défense nationale de la Libye''. Il est à rappeler que les Etats-Unis avaient envoyé, dès octobre dernier, des dizaines d'experts militaires américains en Libye pour récupérer et sécuriser les armes conventionnelles pillées, et ce, pour une opération d'un coût initial de 13 millions de dollars. A ce sujet, le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Libye, M. Ian Martin, avait affirmé en novembre devant le Conseil de sécurité qu'une prolifération des armes au-delà des frontières libyennes demeure une source de "préoccupation majeure" pour les pays voisins. Il a également souligné que la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) continuait de prêter toute l'assistance nécessaire aux autorités libyennes pour sécuriser les stocks d'armements chimiques et de matériaux nucléaires accumulés par le régime d'El Gueddafi, avec la coopération de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA).