ALGER - Le Premier ministre égyptien Kamal Al-Ganzouri a appelé jeudi les parties politiques au dialogue pour résoudre la crise politique et économique, au deuxième jour du second tour des élections législatives qui se tient dans un tiers des provinces du pays, en proie à des manifestations et violences. Alors que les Egyptiens votaient pour le second jour consécutif pour départager les candidats en ballottage aux législatives, M. Al-Ganzouri a appelé l'ensemble des forces politiques à un dialogue national pour rétablir la sécurité et redresser l'économie du pays. M. Al-Ganzouri a estimé, dans une conférence de presse, que les évènements en cours en Egypte "visent à saper le processus politique" dans le pays, précisant que le principal objectif du gouvernement actuel "est de sauver la révolution et de rétablir la paix et la sécurité dans le pays", après la mort de 14 manifestants tués ces derniers jours dans des heurts avec les forces de l'ordre au Caire. "Je suis de près la situation sécuritaire pour pouvoir contenir les violences des hors-la-loi dans toute l'Egypte", a-t-il assuré, appelant les différentes parties au dialogue pour redresser l'économie du pays. Nommé par pouvoir militaire en place au poste de Premier ministre, Al-Ganzouri a souligné en outre que "la situation que traverse le pays nécessite le dialogue pour sortir l'Egypte de la crise", notant que l'état de l'économie du pays "est difficile" en raison du manque d'investissements. Il a aussi mis en garde contre une détérioration de l'état des finances du pays en raison de retards dans le versement de l'aide étrangère. "Seul un milliard est arrivé" sur 10,5 milliards de dollars promis par les pays arabes, a affirmé lors de la conférence de presse M. Al-Ganzouri, récemment nommé par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui dirige les affaires du pays depuis la chute de Hosni Moubarak. "Le G8 a décidé lors de sa réunion (en mai, NDLR) d'accorder 35 milliards de dollars à l'Egypte'' et "rien n'est arrivé jusqu'à présent", a ajouté le chef du gouvernement égyptien. Dans le même temps, "9 milliards de dollars sont sortis d'Egypte ces derniers mois", a-t-il indiqué, précisant que l'ancien gouvernement avait demandé ces aides promises mais en vain. Les déclarations du Premier ministre sont intervenues au second jour du deuxième tour des élections législatives, nettement dominées par les partis islamiques lors du premier tour au détriment des partis libéraux. Les bureaux de vote étaient ouverts jeudi de 08H00 (06H00 GMT) à 19H00 (17H00 GMT) dans neuf provinces, dont Guizeh (qui englobe une grande partie de l'ouest du Caire), Suez (nord-est) et Assouan (sud). Lors du premier tour il y a une semaine, le taux de participation avait atteint 67%, selon la commission électorale. Quelque 18 millions d'électeurs, sur un corps électoral d'environ 50 millions, étaient appelés à désigner dans neuf provinces 59 députés au second tour au scrutin uninominal. Les Egyptiens votaient aussi au scrutin de liste dans trois de ces provinces, où les élections proportionnelles avaient été reportées d'une semaine sur décision judiciaire. Ce second tour opposait essentiellement le mouvement des Frères musulmans et salafistes fondamentalistes, vainqueurs de la première phase dans un tiers du pays, dont Le Caire et Alexandrie, lors duquel ils avaient remporté respectivement 36% et 24% des voix, et l'ensemble des formations islamiques 65%.