DAMAS - Plusieurs facteurs socio-politiques et la propagation de la corruption sous toutes ses formes sont à l'origine des évènements survenus depuis dix mois en Syrie, s'accordent à dire des militants politiques syriens. Pour le Secrétaire du Conseil du parti de la volonté populaire (ex unité des communistes syriens), Djamil Kadri, "la corruption en Syrie qui pompe près de 30% des ressources de l'Etat à laquelle s'ajoutent la répression, la pauvreté, le chômage et le niveau bas des libertés politiques" sont à l'origine du malaise social qui a induit les évènements en cours. Dans une déclaration à la presse algérienne, M. Kadri qui occupe également le poste de membre du Conseil de présidence du Front populaire pour le changement et la libération, a souligné que le dialogue national "est tributaire de l'attitude des radicaux au sein du pouvoir qui misent sur le tout sécuritaire et ceux, dans l'opposition, qui appellent au renversement du système par une intervention étrangère". Pour prémunir la Syrie de ce conflit entre radicaux, l'intervenant préconise de former un Gouvernement d'union nationale qui sera chargé de jeter les bases d'une réconciliation nationale et d'édifier un nouveau système politique. La réconciliation ne sera concrétisée qu'à travers la satisfaction de plusieurs revendications dont la poursuite en justice des auteurs d'actes de violence et d'homicides, la libération des personnes détenues suite aux derniers évènements, le traitement du dossier des disparus et l'indemnisation de toutes les victimes de cette crise, a-t-il estimé. De son coté, Ali Haidar, président du parti national social relevant du Rassemblement populaire pour le changement et la libération, estime que les propositions soumises concernant la mise en place d'un gouvernement d'union nationale dont la première mission serait de préparer la conférence sur la réconciliation nationale. L'opposant indépendant Tony Doura, affirme pour sa part que les processus de dialogue mis en œuvre jusque-là en Syrie "sont insuffisants", estimant que le manque de compétitivité politique dans le pays durant les 40 dernières années a élargi la sphère de la crise". M. Doura, proche du Front populaire pour le changement et la libération, ne compte pas vraiment sur la capacité des partis de l'opposition à contribuer au règlement de la crise syrienne, indiquant que ces partis "sont des structures sans âme" car n'exprimant pas les revendications des citoyens. Seuls les mouvements populaires une fois organisés pourront jouer un rôle important dans le règlement de la crise, a-t-il estimé. Le même constat est souligné par Omar Alzaâbi, membre du parti de la relance et de la commission chargée d'élaborer le projet de nouvelle constitution pour qui "l'opposition est faible" car ne bénéficiant pas d'une représentativité dans la rue et n'ayant pas une force de proposition ni de projets politiques claires sur le règlement de la crise en Syrie. Il a, par ailleurs, souligné que des forces radicales au sein du pouvoir tentent de saper le processus de dialogue et de réformes, ajoutant que le pouvoir politique en Syrie "est déterminé" à poursuivre les réformes qu'il a engagées et à renforcer la démocratie. Alzaâbi a, en outre, indiqué que le projet relatif à la nouvelle constitution, qui sera soumis à la présidence avant la fin du mois en cours, traduit la consécration du pluralisme politique, le libre choix et le droit à la candidature. Sur la possibilité d'associer l'opposition au pouvoir, il a souligné que le pouvoir n'excluait aucun moyen susceptible de trouver une solution au règlement de la crise en Syrie, ajoutant que des contacts sont entrepris entre les deux parties pour débattre de l'ensemble des questions qui intéressent le pays.