ALGER- La filiale algérienne du géant mondial de l'acier, ArcelorMittal, qui a tenté de contracter un crédit bancaire sans garanties pour son complexe sidérurgique proche de Annaba, veut accentuer la pression sur le gouvernement, en déposant dimanche une déclaration de cessation de paiement auprès du tribunal d'El Hadjar. La démarche adoptée par le partenaire indien de l'Algérie dans le complexe sidérurgique d'El Hadjar, un des fleurons de l'industrie algérienne, intervient au lendemain de la déclaration du Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a mis en garde samedi ArcelorMittal contre tout pourrissement de la situation. M. Ouyahia a signifié à la filiale indienne que sa menace de dépôt de bilan n'allait pas infléchir la position des autorités algériennes sur ce dossier. "Je peux dire et je le dis avec force l'Etat algérien n'assistera pas (sans réagir) à la disparition d'El Hadjar", a déclaré M. Ouyahia dans la foulée d'une conférence de presse, tenue samedi à l'issue du conseil national de son parti. Arcelor Mittal "avait utilisé comme parades des propositions de garanties sans valeur pour obtenir un prêt de 14 milliards de DA auprès de la Banque extérieure d'Algérie (BEA)'', selon son PDG, M. Mohamed Loukal. La banque algérienne a refusé d'accorder ce prêt bancaire, sans garanties, notamment le rachat de la dette d'ArcelorMittal de 9 milliards de DA, contractée auprès de Société Générale Algérie, en contrepartie d'une garantie internationale de 120 millions de dollars. "Il est anormal qu'ArcelorMittal refuse de réserver à la BEA le même traitement que celui administré au confrère privé", malgré l'effort considérable de financement qu'il veut arracher à la banque algérienne. ArcelorMittal a même décliné la proposition de la BEA de transformer la garantie internationale souscrite auprès de Société Générale Algérie, une fois transférée à la BEA, en parts du capital du complexe, selon le même responsable. La filiale algérienne du groupe indien a semé la confusion en déclarant que la BEA a refusé de financer son plan d'investissement, hypothéquant la survie de cette usine stratégique du pays qui emploi près de 7.000 travailleurs. La demande d'obtention de crédit d'Arcelor Mittal portait seulement sur un crédit d'exploitation de 5 mds de DA et le rachat du crédit contracté auprès de Société Générale. Au stade où sont arrivées les négociations, " le programme d'investissements du complexe d'El Hadjar n'a été ni abordé, ni fait l'objet de présentation, ni de discussions avec le partenaire Arcelor Mittal contrairement à ce qui avait été annoncé à travers certains médias", affirme M. Loukal. Plus encore, ''le dépôt de la déclaration de cessation de paiement, perçue comme le prélude à un dépôt de bilan, n'est en fait qu'une pression de plus pour pousser la partie algérienne à céder à sa demande'', selon une source proche du dossier. ''ArcelorMittal Algérie ne se trouve pas, du moins actuellement, en cessation de paiement et qu'aucune injonction de remboursement du crédit n'a émané de son créancier, qui profite pour le moment de percevoir les intérêts du crédit'', indique t-on. "La banque française est rassurée pour son crédit jusqu'à ce qu'il y ait réellement cessation de paiement, c'est à ce moment-là qu'elle va décider de mettre en jeu la garantie internationale", a déclaré à l'APS la même source. Pour autant, selon sa direction, ''Arcelor Mittal Annaba nÆest pas en situation de dépôt de bilan". Un communiqué de la cellule de communication de la direction générale du complexe, reçu par l'APS, indique que ''le groupe (ArcelorMittal) travaille avec ses partenaires pour mettre en place les garanties nécessaires pour résoudre dans les meilleurs délais le problème de financement de la société et assurer le retour rapide à un fonctionnement normal".