DAMAS - L'approche de l'opposition de l'intérieur concernant le règlement de la crise va à contre-courant de celle de l'opposition de l'extérieur, penchant vers des solutions pacifiques dans le cadre des réformes en cours dans le pays. Les politiques syriens conviennent que les tergiversations dans la mise en œuvre des engagements issus du processus de dialogue ne feront que prolonger la crise et compliquer davantage la situation. L'opposant syrien indépendant Tony Dora a souligné que les mesures prises ne sont pas suffisantes pour concrétiser les revendications politiques et sociales et consacrer la rupture avec la période d'avant les événements de mars 2011. Les dirigeants du Front populaire pour le changement et la libération (opposition) confirmeront que la situation actuelle en Syrie implique de s'engager directement dans une réconciliation nationale assurée par un gouvernement d'union nationale regroupant toutes les forces politiques nationales et associatives et qui sera chargé également d'élaborer le nouveau régime politique permettant la transition vers une société civile pluraliste. L'opposition nationale en général rejette "la chute du régime" par la force, des opposants appelant à un changement par la "voie démocratique et pacifique". Selon les partisans du Front populaire pour le changement et la libération, l'opposition de l'intérieur refuse l'ingérence étrangère et rejette la violence, la corruption et le parti unique. Selon certains opposants, les tergiversations qui entourent le processus de réformes en Syrie sont le fait de "l'aile dure" du pouvoir qui mise sur la "solution sécuritaire" mais aussi d'"extrémistes" qui refusent le dialogue et appellent à "renverser le régime par la force". Une thèse soutenue par des politiques partisans du pouvoir ce qui révèle l'existence de conflits au sein de ce dernier. Omrane Ezoghbi du parti "El Baath" et membre de la commission chargée de l'élaboration de la nouvelle constitution reconnaît la présence de "radicaux" mais impute fondamentalement la tension que vit la scène politique en Syrie à l'effritement de l'opposition, à sa faible représentation dans la rue syrienne et à l'absence d'un projet politique clair. Pour lui, la Syrie est en phase de vivre de grands changements au plan de l'édification démocratique. Le projet de la nouvelle constitution qui sera soumis au président syrien ce mois-ci, a-t-il ajouté, consacre le multipartisme et un système électoral pluraliste à tous les niveaux. M. Ezoghbi a insisté sur la volonté de la direction du pays de mener les réformes à terme, malgré les tentatives d'exacerbation de la situation menées par l'opposition qui rejette le dialogue. Il a, dans ce contexte, critiqué l'instance de coordination nationale syrienne pour le changement démocratique qui, a-t-il dit, brandit des slogans "creux" et ne "propose ni solution ni nouveauté". L'instance de coordination qui rejette la violence, les conflits interconfessionnels et les restrictions sécuritaires et dont la délégation des journalistes algériens sur place n'a pu contacter les dirigeants, opte pour la solution pacifique pour le changement dans le cadre des réformes constitutionnelles et entretient des contacts avec le conseil national syrien (l'opposition de l'extérieur).Elle ne considère pas l'ingérence arabe en Syrie comme une ingérence étrangère. L'instance comprend plusieurs partis de gauche, des partis kurdes et des personnalités de l'opposition. Les activistes politiques et certaines sources informées rencontrés par la délégation des journalistes algériens, ont émis des réserves sur la démarche de la Ligue arabe en Syrie, qualifiant le rapport de la mission arabe en Syrie d'important dans le règlement de la crise dans le pays, même s'il est neutre. Quant à la position des hommes d'église en Syrie à l'égard de la situation dans le pays, la délégation des journalistes n'a pu les rencontrer hormis le patriarche Ignac IV qui a évoqué avec réserve le processus de dialogue. Il a cependant soutenu que la cohabitation entre chrétiens et musulmans en Syrie ne pourra pas être exploitée pour amplifier le conflit interconfessionnel comme c'est le cas dans d'autres pays, une position que le père Tony Dora, proche du front populaire pour le changement et la libération ne partage pas. Pour ce dernier, la Syrie est au seuil de "la crise interconfessionnelle".