ALGER - Le président syrien Bachar Al-Assad a annoncé mardi la tenue d'un référendum sur une nouvelle Constitution en mars et des élections législatives en mai ou juin, dans l'optique de la formation d'un gouvernement d'union nationale représentant tous les courants politiques et la société civile. "Lorsque la commission sur la nouvelle Constitution aura terminé ses travaux, il y aura un référendum populaire car cette question intéresse tout le monde. Le référendum aura lieu la première semaine de mars", a déclaré le président Al-Assad dans un discours prononcé à l'Université de Damas et retransmis par la télévision d'Etat. Après le référendum constitutionnel, des élections législatives devraient avoir lieu en mai ou juin, selon le président syrien qui a exprimé la volonté de la formation d'un gouvernement d'union nationale représentant tous les courants politiques et les franges de la société syrienne. Ces mesures annoncées par le président syrien ont été précédées par une série de réformes décidées l'année dernière par le régime afin de mettre fin aux violences dans le pays, en proie à un mouvement de protestation populaire depuis mars dernier réclamant le départ du président. A ce propos, Bachar Al-Assad a réitéré la détermination et la disposition du gouvernement à un dialogue ouvert et continu avec les différentes parties sans exclusion pour concrétiser d'importants changements démocratiques, dont une nouvelle constitution. "Nous sommes ouverts et toujours disposés au dialogue avec les déférentes parties. Mais certaines forces de l'opposition ne sont malheureusement pas prêtes à ce dialogue", a-t-il insisté. Le chef de l'Etat syrien a dénoncé par ailleurs les violences qui secouent le pays depuis mars dernier, appelant "à la retenue et à la sagesse", affirmant que "le peuple syrien ne cédera pas aux complots étrangers et défendra sa souveraineté et sa dignité". Il a souligné qu'"aucun ordre n'a été donné de la part d'aucune autorité pour ouvrir le feu" sur des manifestants, accusant des parties étrangères de "chercher à déstabiliser" le pays. "Nous n'avons pas besoin de leçons en démocratie", a-t-il martelé, soulignant que "le peuple syrien est capable de conduire un Etat fort et développé" et qu'"il gouvernait par la volonté de ce peuple". "La Syrie a besoin de tous ses enfants sans exclusions pour travailler ensemble pour une nouvelle ère de développement et de stabilité", a-t-il soutenu. Ce discours du président syrien intervient alors que la mission d'observation dépêchée depuis le 26 décembre dernier par la Ligue arabe poursuivait sa mission dans le pays, en dépit de difficultés sur le terrain en raison de la poursuite des violences. Cette mission entre dans le cadre d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et villages, et la libre circulation des observateurs arabes et des médias. Dimanche, à l'issue d'une réunion au Caire, le comité ministériel de la Ligue arabe, en charge de la crise syrienne, s'est prononcé pour la poursuite et le renforcement de la mission d'observateurs en Syrie, en dépit des réserves de certains milieux quant à son efficacité. Le comité a décidé de donner aux observateurs le temps nécessaire pour poursuivre leur mission conformément au protocole, après avoir examiné le premier rapport du chef des observateurs, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi. Il a appelé également "le gouvernement syrien et tous les groupes armés à stopper immédiatement tous les actes de violence". Cette mission d'observation qui a été acceptée par les autorités syriennes a fait toutefois l'objet de réserves de la part de l'opposition qui a accusé les observateurs d'être "manipulés" par le régime du président Bachar Al-Assad et la Ligue arabe de s'être montrée incapable de faire cesser les violences. Ces violences se poursuivent toujours, malgré les efforts de la Ligue arabe. Tôt dans la matinée de mardi, un bus a été la cible d'une attaque à la roquette dans la ville d'Al-Daimes, au nord-ouest de la capitale Damas faisant des morts et des blessés, selon une source officielle. La presse syrienne a rapporté également qu'un véhicule des observateurs qui se dirigeait vers Damas accompagné d'un autre véhicule des services de sécurité ont été la cible de tirs d'hommes armés à Homs (centre), faisant un blessé. Par ailleurs, la Turquie, pays voisin de la Syrie, a mis en garde contre une éventuelle "guerre civile et de religions" dans ce pays. Ankara s'est jointe à la Ligue arabe et aux puissances occidentales pour imposer des sanctions économiques contre Damas. Les Etats-Unis ont affiché, de leur côté, leur disposition à apporter leur aide technique aux observateurs arabes.