ALGER - L'engagement du curé Alfred Berenguer (1915-1996) dans la Révolution algérienne contre la colonisation française ainsi que son itinéraire religieux, social et politique, ont été évoqués mercredi à Alger par Ahmed Benchouk, ancien membre du ministère de l'Armement et des liaisons générales (MALG). Invité à une rencontre organisée par le Centre d'études Diocésain, intitulée "Alfred Berenguer, un curé d'Algérie engagé dans la révolution", M. Benchouk, ancien wali de Béjaia et directeur de l'Ecole nationale d'administration d'Oran, a d'emblée met la lumière sur les convictions du prêtre, dès son jeune âge, au service des autres sans distinction de race et de religion. "C'était un homme de défi, un assoiffé de liberté et un amoureux de la paix. Il était habité par la justice, la fraternité et la dignité pour tous les hommes. Sa foi ne l'a jamais quitté. Il a vécu libre et digne", a-t-il dit à cet égard en rappelant que son engagement contre l'ordre colonial avait commencé d'abord par la parole, dans ses prêches et par des écrits. Lors du déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, Alfred Berenguer était curé à Remchi (Tlemcen). Son engagement aux côtés des déshérités, son aide aux familles des emprisonnés politiques ou de ceux qui ont rejoint le maquis, ne s'est pas fait attendre, avant qu'il soit dénoncé puis expulsé d'Algérie en 1956, a encore rappelé l'orateur. M. Benchouk a ensuite abordé le militantisme du curé en tant que représentant du Croissant Rouge algérien en Amérique latine pour faire connaître la lutte du peuple algérien contre l'occupant français et recueillir des fonds pour les réfugiés algériens du Maroc et de la Tunisie. Il a cité aussi ses "rencontres historiques" avec Fidèl Castro et Che Guevara. "Tout en restant loyal à l'égard de la France, l'abbé Berenguer a toujours considéré que l'Algérie était son seul pays. Il disait toujours que la France n'était pas l'Algérie et qu'elle ne pouvait jamais l'être ni sur le plan de la géographie, ni de l'histoire, ni de la langue, ni de la religion", a ajouté l'orateur. Enfin, M. Benchouk a salué l'engagement de l'abbé Berenguer dans la cause nationale algérienne en rappelant que "d'autres religieux catholiques après lui ont contribué à la libération de l'Algérie du joug colonial, comme le cardinal Duval et Monseigneur Scotto". Le curé Alfred Berenguer est né le 30 juin 1915 à El Amria (Aïn Témouchent) de parents espagnols, ouvriers agricoles. Il vivra d'abord dans son village natal, puis à Arzew et Frenda. Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, le curé est élu député à l'Assemblée constituante. En 1965, il retourne à sa paroisse de Remchi. En 1966, il publie à Alger le livre "Un curé d'Algérie en Amérique latine", en souvenir de son séjour dans la région. En 1991, il prend sa retraite en raison de son état de santé et se consacre à la prière et à l'écriture. Il publie en avril 1994 un livre autobiographique sur son parcours d'humaniste et de militant au service de l'Algérie, intitulé "En toute liberté" (éditions Centurion, Paris). L'Abbé Berenguer est mort le 14 novembre 1996 en France, alors en traitement médical spécialisé, et inhumé au cimetière chrétien de Tlemcen le 19 novembre de la même année.