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Treizième anniversaire de la disparition de l'Abbé Alfred Berenguer: Itinéraire d'un militant de la cause nationale
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 11 - 2009

Avant de céder la parole au conférencier, Mr Mahi Bahi, ex-ministre de la Justice et membre de l'Association des anciens du MALG, a inscrit la conférence dans le cadre des activités de son association. Néanmoins, il a tenu à rappeler qu'actuellement, de plus en plus de voix s'élèvent pour remettre en cause la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de sa libération du joug colonial. Il s'est interrogé si l'engagement de l'abbé Alfred Berenguer n'a pas coïncidé en fait avec la grève des étudiants en 1956. Mr Benchouk Sidi Ahmed, qui a présenté la conférence, s'est contenté de tracer la trajectoire d'Alfred Berenguer. Pour lui, ce curé, dont l'oeuvre et l'engagement en faveur de la Révolution algérienne demeurent méconnus, fait partie des rares européens et hommes d'Eglise qui ont pris fait et cause avec la cause du peuple algérien. En citant quelques phrases de son livre, le conférencier a lourdement insisté sur le sentiment d'appartenance de Berenguer à l'Algérie «je n'ai plus de Nation mais j'ai une patrie», en l'occurrence l'Algerie.
Et pour cause, Alfred Berenguer ne s'est jamais distingué des enfants du cru. Né le 30 1915 juin à Lourmel (El-Amria), d'une femme modeste originaire d'Espagne, il a partagé les conditions d'existence des enfants de son village, dira le conférencier. Après une scolarité où il a été marqué par deux enseignants, il décide de rejoindre le séminaire grâce à un prêtre de son village natal. Pourtant, son père était connu pour son sentiment anti-clérical. Au séminaire, il relèvera la différence entre l'enseignement de l'école républicaine (Jules Ferry) et celui dispensé par l'institution religieuse, rigide et ne favorisant aucunement l'épanouissement personnel.
Il prendra part à la Seconde Guerre mondiale alors qu'il avait la possibilité de bénéficier d'une dispense à cause d'une maladie pulmonaire. Avec le 4ème RTT (le régiment des tirailleurs tunisiens), il se distingua notamment dans la bataille de Monté Cristo sous la houlette du Général Juin. Il est des premiers à avoir pénétré Rome après la chute des lignes fascistes. Il mettra sa distinction militaire et ses relations militaires au service de la cause nationale après le déclenchement de la Guerre de Libération nationale.
Avant de se lancer dans la collecte des chaussures pour les maquis, il se chargera des enfants dont les parents ont rejoint les rangs de l'ALN. Son entreprise de récolter les médicaments pour les faire parvenir au maquis attirera les soupçons et finira par lui coûter un premier arrêté d'expulsion, qui sera annulé par Guy Mollet en personne. Un second arrêté d'expulsion l'obligera à s'installer en France où il connaîtra l'archevêque du Chili qui lui proposera un poste à Santiago. Cette installation en Amérique va servir par la suite la cause nationale.
En effet, en 1959, année internationale du réfugié, il sera nommé par le président du Croissant-Rouge algérien comme représentant en Amérique latine. Son livre «Un curé algérien en Amérique latine», se présentant comme un journal, relate toutes les péripéties de son auteur dans ce sous-continent où il a réussi à faire voter dix-sept des vingt et un pays latino-américains en faveur de la question algérienne lors de sa discussion aux Nations Unis. Le lendemain, il sera élu député à la Constituante, mais démissionnera vite à cause de deux articles figurant dans la Constitution de 1963, l'un se rapportant à la condition des musulmans pour accéder à la nationalité algérienne et l'autre relatif au refus de l'abolition de la peine de mort. Il refusera des propositions notamment celle de conseiller du premier président de la République Ahmed Ben Bella qu'il avait connu dans la campagne d'Italie. Revenant à Oran, il vivra modestement et devait même être nommé archevêque. Son franc parlé et son regard critique par rapport à l'église catholique, clairement affiché dans son livre, l'ont privé de cette nomination. Malade, il sera placé dans une maison de vieux à Aix-en-Provence jusqu'à sa mort. Mais on respectera sa dernière volonté et sera enterré à Tlemcen en présence de quelques officiels et quelques amis. A Oran, il était une sorte de passage obligé des hôtes de marque. De son expérience latino-américaine, il a gardé l'amitié de Che Guevara, qu'il nommait par «le médecin argentin» venu en Algérie en 1965 pour lui rendre visite. Treize années après sa mort, il demeure méconnu par le grand public, notamment les jeunes. Ahmed Benchouk, ancien commis de l'Etat et ancien ami de Berenguer, mène depuis quelque temps un combat pour sortir ce grand militant de la cause nationale de l'oubli où il gît.


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