NEW YORK - Le représentant de la Russie à l'ONU, Vitaly Churkin, et son homologue chinois, Li Baodong, ont affirmé jeudi que la résolution adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies sur la Syrie imposait une solution extérieure et qu'ils n'approuvaient pas une intervention forcée qui viserait à un changement de régime dans ce pays. Adoptée par 137 voix pour, 12 contre et 17 abstentions, cette résolution non contraignante appuie le plan de la Ligue arabe qui prévoit la mise à l'écart du président Bachar al Assad, de mette fin à ses attaques contre la population civile, et la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie. Dans son intervention après la séance de vote, le représentant de la Russie, qui a voté contre cette résolution, a estimé essentiel que toutes les parties syriennes mettent fin à la violence et a insisté sur la nécessité de privilégier un processus de dialogue inclusif syrien. Or, a-t-il dénoncé, le projet de résolution ne répond pas à ces critères : ''Il est le reflet d'une tendance inquiétante d'isoler les dirigeants syriens et d'imposer au pays une solution externe''. Selon lui, la Russie a proposé quelques amendements qui appelaient notamment tous les groupes armés à se dissocier de la violence et exhortaient les forces gouvernementales à arrêter de tirer sur les villes et les agglomérations. ''Face au texte mis aux voix, la Russie n'avait d'autre choix que de voter contre'', a-t-il souligné. Pour sa part, le représentant de la Chine, M. Baodong, qui a également voté contre ce texte, a, tout d'abord, souligné que son pays menait une politique indépendante et cohérente et souhaitait le maintien de la paix régionale et internationale. Il a condamné tout acte de violence contre la population civile et a appelé le gouvernement syrien et toutes les factions politiques à mettre fin immédiatement aux violences. Il a invité le gouvernement syrien à prendre sérieusement en compte le souhait légitime de réformes et de développement de la population, et a demandé qu'un référendum soit organisé sur le projet de constitution et que des élections soient organisées rapidement. Exhortant encore toutes les parties à entamer un dialogue politique inclusif et sans condition préalable, il a déclaré comprendre la volonté des Etats arabes et de leur Ligue de trouver une solution rapide à la situation. Toutefois, a-t-il ajouté, ''nous pensons qu'une intervention militaire extérieure est à proscrire''. Pour M. Baodong, la Chine ''pense que la communauté internationale devrait respecter entièrement la souveraineté de la Syrie, son indépendance et son intégrité territoriale''. Il a ajouté que son pays n'approuvait pas une intervention armée ou forcée qui viserait à un ''changement de régime en Syrie''. Dans ce contexte, il a préconisé que l'action de la communauté internationale devrait atténuer les tensions, faciliter un dialogue et non ''compliquer'' la question. Le représentant de l'Egypte, Osama Abdelkhalek Mahmoud, qui a présenté la résolution au nom du Groupe des Etats arabes, a considéré que les 137 voix favorables au texte venaient de confirmer le fait qu'il s'agit là d'un message sans ambiguïté au régime syrien. ''Il est temps que le régime syrien écoute la voix de son peuple et qu'il mette en œuvre les initiatives et les décisions pertinentes de la Ligue arabe'', a-t-il insisté. Réagissant à l'intervention du représentante de l'Egypte, l'ambassadeur de la Syrie à l'ONU, Bachar Djaafri, a estimé que cette résolution est ''un cheval de Troie dont les coauteurs de l'Occident se sont servis de la Ligue arabe comme passerelle pour faire de la situation en Syrie une crise internationale et saisir une fois de plus le Conseil de sécurité de la question syrienne''.