PARIS- Le patrimoine matériel et immatériel amazigh est à l'honneur au nouveau musée de l'Institut du monde arabe (Ima) à Paris, qui a été officiellement inauguré lundi à l'occasion du 35e anniversaire de la création de l'Institut. Occupant quatre niveaux de l'imposant établissement en verre, le musée expose dans sa nouvelle version la diversité culturelle des 22 pays arabes, cofondateurs de l'Ima. Ouvert au public en 1987, l'Institut était jusqu'ici dédié au seul art islamique. Parmi les pièces exposées selon quatre thématiques (Arabies, berceau d'un patrimoine commun, Sacré et figures du divin, les villes et l'expression de la beauté), une trentaine d'objets ayant trait à la vie quotidienne des Berbères, en tant que premiers habitants de l'Afrique du Nord, sont mis en évidence dans ce nouveau musée, mais tous évoqués dans une approche thématique. Selon la conservatrice en chef du patrimoine et responsable du projet de la refonte du musée, Marie Foissy, "il est question d'aller à la rencontre des hommes et de la société en suivant non pas une approche chronologique classique, mais un parcours-promenade ordonné par thèmes". Sur fond musical, des objets de culture berbère sont présents tout le long du parcours. On y distinguera notamment "tasselbalt", une jarre de grande kabylie (Algérie) faite en terre cuite, "taftilt", une lampe à l'huile enduite de vernis à base de résine ou la "gelassa", une cruche double du Rif marocain. Plus loin, des objets renseignant sur la vie quotidienne des Touareg, nomades du Sahara, sont également exposés. Des équipements guerriers comme l' "agher", un bouclier en peau d'antilope, ou l' "allagh" (javelot) aux ornements soignés de leurs objets (selle de mehari, sac de voyage..etc), les rôles masculins sont généralement associés à la mobilité et à la défense du territoire. Chez la femme targuie, le sac (tahayhayt) de la mariée comporte de nombreuses décorations, tandis que la selle à arceaux est utilisée par les femmes nobles pour se déplacer à dos de chameau. En sus de ces espaces réservés au monde amazigh, d'autres galeries renferment des représentations des langues et écritures arabes dont les "Mu'allaqât", la plus célèbre anthologie de la poésie arabe préislamique, des livres sacrés (Coran, Torah et les Evangiles), de la calligraphie, et de la musique (instrumnts à vent, danse et chants berbères). S'adressant à tout visiteur ayant soif de découvrir la culture des sociétés du monde arabe dans ses origines, son élaboration et la continuité de ses racines, le musée sera ouvert mardi au grand public.