Le Maghreb est l'une des régions menacées par le stress hydrique, estiment mercredi à Marseille des experts maghrébins participant au 6eme forum mondial de l'eau. Le Maghreb est une région où les questions de l'eau sont devenues ''d'actualité'', estime le professeur Meddi Messahel, selon lequel l'accès à l'eau, ''même s'il n'est plus stressant comme dans les années 80 en Algérie, diffère d'un pays à l'autre''. M. Messahel, expert auprès du Conseil arabe de l'eau, et gouverneur auprès du Conseil mondial de l'eau, relève pourtant dans une déclaration à l'APS que la ressource hydrique sera ''un enjeu majeur du développement et du confort social'' au Maghreb. Au forum mondial de l'eau, les pavillons des pays maghrébins sont très visités, autant par les industriels de l'eau pour des contrats de distribution et de gestion déléguée, que pour des partenariats dans le domaine de la construction d'ouvrages hydrauliques. C'est dire que la concurrence sur ce créneau est féroce entre équipementiers et constructeurs leaders dans la réalisation des barrages où l'on retrouve notamment les Chinois, les Allemands et les Américains, alors que les Français, squattent pratiquement autant le pavillon des ''Expositions'' que celui des industriels de l'eau. Néanmoins, sur la question des enjeux futurs de l'eau dans la région, des experts maghrébins interrogés par l'APS sont unanimes à relever ''l'inquiétante situation hydrique'' de la région. Benbiba Madjid, responsable au ministère marocain de l'hydraulique, estime qu'au Maghreb ''les problèmes de l'eau sont identiques à tous les pays de la région''. ''Nos ressources sont limitées. Nous sommes entre le stress hydrique et la pénurie", ajoute-t-il, avant de relever que ''nous avons également des problèmes de baisse de ce potentiel du fait des changements climatiques''. En fait, le Maghreb, selon Hassan Tlili (Tunisie), ''fait partie des régions dans le monde qui vont souffrir du stress hydrique. Tous les experts sont unanimes là-dessus : c'est une région cible des phénomènes climatiques dus aux perturbations du climat comme les inondations, la sécheresse dont les périodes ont tendance à s'allonger''. ''Les besoins vont s'accroître dans le futur avec la croissance des villes, la pression démographique et la croissance économique. Malheureusement, nous avons au Maghreb une nature qui ne favorise pas ce dynamisme économique (sécheresse, inondations, stress hydrique, etc..)'', reconnaît par ailleurs M. Benbida. Et puis, ''nos performances sont faibles pour la mobilisation de l'eau et l'efficacité n'est pas au rendez-vous, alors que la ressource reste faible pour l'agriculture et la consommation d'eau potable'', ajoute-t-il. En dépit de ces dangers climatiques menaçants, ''le Maghreb est classé en première position parmi les pays grands gaspilleurs d'eau. C'est incroyable ! Il faut mettre fin au gaspillage de l'eau dans notre région'', explique Hassan Tlili. Pour le responsable de l'office mauritanien de l'assainissement, Hamza Ould Amar, le souci majeur de son pays "n'est pas l'eau, mais l'assainissement dans les zones rurales'', car à Nouakchott et Nouadhibou, ''cette question a été réglée'', indique-t-il. ''L'enjeu pour nous est l'assainissement des villages et zones rurales'', a-t-il encore précisé, indiquant qu'un projet du gouvernement a réussi à fournir quelque 4.000 M3/jour à la ville de Nouakchott, désormais alimentée H24 en eau potable. Pour lui, les problèmes futurs de disponibilité de l'eau potable et d'irrigation au Maghreb peuvent être réglés par le dessalement d'eau de mer, ''et il faut y penser d'ores et déjà''. Dans un rapport alarmant en 2009, la Banque mondiale avait déjà rappelé la nécessité pour les pays de la région de se mobiliser pour faire face à la tendance générale de la raréfaction de l'eau dans la région. ''Une meilleure gouvernance de l'eau dans la région du Maghreb et au Moyen-Orient, c'est une urgence'', estimait notamment le rapport de la Banque mondiale. Un appel qui a été entendu par l'Algérie qui a mis des politiques de gestion et de production de l'eau alternatives, avec la réalisation de plus de 67 barrages en exploitation, une dizaine en cours de réalisation ou en études, et plus d'une douzaine de stations de dessalement qui ont énormément contribué à une très nette amélioration de la distribution de l'eau potable. Exemple édifiant s'il en est de cette politique ''avant-gardiste : le transfert quotidien d'eau des nappes de In Salah vers Tamanrasset, sur 700 km, est de 50.000 m3/jour et passera à 150.000 m3/jour à l'horizon 2015.