Une délégation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) était attendue lundi en Guinée-Bissau pour demander un retour à l'ordre constitutionnel, au moment où une grève général était observée à Bissau à l'appel du principal syndicat du pays. La délégation de la CEDEAO rencontrera les auteurs du putsch militaire survenu jeudi dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest afin de réclamer un retour à l'ordre constitutionnel et la poursuite du processus électoral interrompu par le coup de force du 12 avril. La mission comprend des représentants du Nigeria, du Ghana, de Guinée, dont le chef d'Etat assure la médiation de paix à Bissau, et de la Côte d'Ivoire, présidente en exercice de la Cédéao (15 pays dont la Guinée Bissau). L'envoi de cette mission à Bissau a été décidé à l'issue de la réunion ministérielle extraordinaire du Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO, tenue jeudi dernier à Abidjan. La rencontre avait regroupé les ministres de la Défense, ceux des Affaires étrangères et les chefs d'état-major des 15 pays membres de l'organisation. Des représentants de la France, des Etats-Unis, de l'Union européenne, des Nations unies et de l'Union africaine avaient également pris part aux travaux en tant qu'observateurs. A l'issue de cette rencontre, la CEDEAO a décidé de déployer, dans une quinzaine de jours, un contingent militaire de 3.000 hommes au Mali (victime de coup d'Etat et de rébellion séparatiste au nord) et 500 soldats à Bissau. La Communauté ouest-africaine avait haussé le ton jeudi en condamnant "formellement et rigoureusement" le coup de force des militaires. Les efforts engagés par la CEDEAO ont reçu le soutien de l'Union africaine (UA) qui a exigé le retour à l'ordre constitutionnel, le respect des institutions démocratiques bissau-guinéennes et la libération immédiate des personnes détenues par les militaires. Le chef de l'Etat béninois Boni Yayi, qui assure la présidence en exercice de l'UA a lancé "un appel à l'ensemble de la classe politique de la Guinée-Bissau afin qu'elle se mobilise en faveur d'une reprise du processus électoral en cours". L'arrivée de la délégation de la CEDEAO à Bissau intervient alors qu'une grève générale était observée dans la journée dans la capitale bissau-guinéenne à l'appel de l'Union nationale des travailleurs de Guinée-Bissau (UNTG), principal syndicat du pays. La plupart des banques et des administrations étaient fermées. A l'Institut de prévoyance sociale et au siège du ministère de l'Economie et des finances, dans le centre-ville, les bureaux étaient totalement déserts.