Un film documentaire en hommage à l'ethnologue et militante humaniste Germaine Tillion, disparue en avril 2008, a été projeté samedi au Palais de la culture à Alger. Le documentaire, 30mn environ, produit et réalisé par Yacef Saadi ne contient pas de séquences vidéo et se base sur un diaporama de photos et sur le récit audio du responsable de la Zone autonome d'Alger (Zaa) qui raconte sa rencontre avec Germaine l'ethnologue française. Le récit revient sur la première rencontre, en juin 1957, entre Yacef Saadi et Germaine Tillion qui menait une enquête sur le milieu carcéral dans l'Algérie coloniale. Cette rencontre qui a eu lieu au 3, rue Caton à la casbah d'Alger en présence de Zohra Drif-Bitat, Ali Bouzourane et Ali Ammar dit Ali la pointe, avait pour but de sensibiliser l'ethnologue, ancienne résistante à l'Allemagne nazie, à la situation des détenus algériens et aux condamnations à la guillotine des militants politiques. Après cette rencontre Germaine Tillion est rentrée à Paris décidée à faire jouer ses relations et son amitié avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz (nièce du général De gaule) afin de suspendre les condamnations à mort. A son accession au poste de président du conseil des ministres en 1958 Charles de Gaulle accepte la requête de Germaine Tillion avant de reconduire la peine capitale contre les détenus algériens, considérés comme soldats ennemis. L'action menée par Germaine Tillion a permis d'éviter la guillotine à plus de 250 condamnés algériens selon Yacef Saadi, "avoir lui même été sauvé par cette dame", précise-t-il. Après avoir vécu 14 ans dans les Aurès pour étudier la société berbère, Germaine Tillion a connu les camp de concentration en 1943 à Ravensbrück (nord de Berlin). Après l'indépendance de l'Algérie elle continue à militer pour le peuple algérien et surtout contre la torture. Durant le débat qui a suivi la projection Yacef Saadi a émis le souhait d'une "reconnaissance de l'apport" de Germaine Tillion à la révolution algérienne en donnant son nom à une rue, par exemple, afin de conserver la mémoire de ceux qui, comme cette militante, se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie, a-t-il dit.