Le Soudan et le Soudan du Sud doivent reprendre aujourd'hui à Addis Abeba des négociations interrompues depuis les combats ayant mis les deux voisins au bord d'un conflit généralisé début avril. Il convient de relever que les différends se sont accumulés depuis l'indépendance du Sud en juillet dernier. Les pressions internationales ont contraint Khartoum et Juba à retourner à la table des négociations, alors que la brève conquête le mois dernier par l'armée sud-soudanaise du plus important puits de pétrole soudanais, celui de Heglig, et une série de bombardements soudanais en territoire sud-soudanais avaient fait craindre une reprise généralisée des hostilités. A défaut de réel apaisement, les combats les plus violents ont depuis cessé. Le président sud-soudanais Salva Kiir a assuré qu' «un dialogue amical avec Khartoum sur les différends constituait la seule chance de paix», selon le site Internet de son gouvernement. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a confirmé pour sa part qu'il participerait aux négociations au siège de l'Union africaine (UA) qui les parraine. Le président soudanais Omar El Bechir s'est également dit prêt à retirer ses soldats de la région d'Abyei, revendiquée par les deux pays, selon ses propos rapportés par l'ancien président américain Jimmy Carter qui l'a rencontré dimanche. Le Soudan du Sud a déjà de son côté retiré le 10 mai ses 700 policiers de cette zone frontalière, comme l'a confirmé l'Union africaine. Mais le Soudan a saisi dans le même temps le Conseil de sécurité de l'ONU en accusant le Soudan du Sud de plusieurs attaques la semaine dernière sur des localités du Darfour-Sud, en territoire soudanais, en violation d'une résolution appelant les deux pays, sous peine de sanctions, à cesser les hostilités et à résoudre leurs différends par la négociation. Les deux Soudans s'accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles dans les régions frontalières de l'autre. Juba dénonce pour sa part la poursuite des bombardements en territoire sud-soudanais par l'aviation soudanaise, ce que Khartoum dément. Le médiateur de l'UA, l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, a multiplié récemment les déplacements entre Khartoum et Juba pour convaincre les deux capitales de reprendre mardi les discussions, alors qu'elles auraient dû le faire déjà depuis le 16 mai selon la résolution de l'ONU adoptée le 2 mai. «L'UA fait tout ce qui est en son pouvoir à tous les niveaux pour faire de la reprise de ces négociations un succès, car la paix est la seule solution, la guerre ne peut apporter de solution», a déclaré Noureddine Mezni, porte-parole du président de la Commission de l'UA, Jean Ping. Aucune précision n'était encore disponible quant à l'heure de la reprise des discussions, leur durée ou le niveau de représentation de chaque pays. Les tensions n'ont cessé de s'intensifier entre le Soudan et le Soudan du Sud depuis l'indépendance du second en juillet 2011 en raison de différends jamais réglés, parmi lesquels la délimitation de la frontière commune, le partage des revenus pétroliers et le statut de plusieurs zones contestées. Mais l'objet immédiat des négociations est de renforcer la sécurité à la frontière, notamment en obtenant des deux pays un engagement clair à respecter une zone démilitarisée.