Un témoin de l'incendie criminel perpétré contre la bibliothèque de l'université d'Alger par l'Organisation de l'armée secrète (OAS), le 7 juin 1962, a affirmé que "certains fonctionnaires de la BU étaient complices de cet acte criminel". Sâad Khandek, ancien fonctionnaire de la BU et témoin de l'incendie, a indiqué, jeudi en marge d'une conférence organisée par la bibliothèque de l'Université d'Alger sur "les crimes culturels durant l'ère coloniale en Algérie : 1830-1962", que "tout le monde à l'université savait que ces fonctionnaires collaboraient avec l'OAS et vouaient de la haine pour les Algériens", la preuve étant que la partie centrale de la BU, qui contenait des manuscrits, des ouvrages et des documents importants, avait été totalement incendiée. M. Sâad, qui occupait le poste d'adjoint de recherche à l'époque, a précisé que la majorité des cinq fonctionnaires algériens au sein de la BU "avaient démissionné un jour avant la mise à feu de la bibliothèque car ils avaient reçu des menaces de mort par l'organisation qui était présente à l'université". La majorité des étudiants français, qui ont servi l'OAS, "ne s'étaient jamais opposés aux actes criminels perpétrés par cette organisation". L'orateur a précisé que la France ne voulait pas léguer à l'Algérie, à la veille de son indépendance, une bibliothèque aussi riche. 400.000 documents et ouvrages sur les 600.000 que comptait la BU ont été ravagés par les feux dans cet incendie, le 7 juin 1962. Les 200.000 livres ayant échappé à l'incendie à l'époque ont été été transférés au Lycée Okba d'Alger pour être restitués à la bibliothèque deux années plus tard. Les portes ouvertes organisées mercredi par la bibliothèque universitaire d'Alger sous le thème : "la bibliothèque universitaire : 50 ans après" ont été clôturées ce jeudi par la commémoration du 50e anniversaire de son incendie.