Environ 123.000 enfants marocains âgés de 7 à moins de 15 ans travaillaient en 2011, soit 2,5% de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge, a indiqué lundi le Haut-commissariat marocain au Plan (HCP). Selon une enquête publiée à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants (12 juin), l'organisme marocain a souligné que ce phénomène, en régression depuis 1999, année où il touchait 9,7% (517.000 enfants) est concentré principalement en milieu rural où il touche 5% des enfants (113.000) contre 0,4% dans les villes (10.000) et que neuf enfants actifs occupés sur dix (91,7%) résident en milieu rural. Par ailleurs, le HCP a relevé que le phénomène touchait beaucoup plus les garçons que les filles (près de 6 enfants sur 10 sont de sexe masculin), ajoutant que cette proportion variait de 53,3 % en milieu rural à 87,3% en milieu urbain. L'enquête menée auprès d'un échantillon de 60.000 ménages représentant l'ensemble du territoire marocain et des couches sociales, indique, par ailleurs, que selon les circonstances de leur travail, 24,9% des enfants travaillaient parallèlement à leur scolarité, 53,9% ont quitté l'école et 21,2% n'ont jamais fréquenté l'école. En outre, l'enquête a fait savoir que le travail des enfants restait concentré dans certains secteurs économiques avec 93,6 % des enfants occupés à travailler en milieu rural, dans l'"agriculture, forêt et pêche" alors que dans les zones urbaines, ils travaillent dans les "services", avec 54,3%, et l'"industrie y compris l'artisanat", avec 26,5%. S'agissant des principales raisons de la non-scolarisation de ces enfants l'enquête a relevé notamment l'absence d'intérêt pour les études (37,3%), l'absence de moyens financiers pour couvrir les coûts liés à la scolarité (19,4%), la non disponibilité d'établissement d'enseignement dans le lieu de résidence ou leur inaccessibilité (16,2%) et l'obligation d'aider le ménage dans ses activités professionnelles (9,8%). On estime à entre 300.000 à 400.000 enfants de moins de 15 ans qui quittent le système scolaire chaque année. Si 94% des enfants ont accès à l'école, selon des chiffres officiels, plus de 38% ne terminent pas le cursus primaire et quittent l'école soit pour rejoindre une "famille d'accueil" comme petites bonnes soit pour le marché du travail sans aucune couverture sociale ou tout simplement la rue. Au Maroc, beaucoup de petites filles issues de familles rurales pauvres deviennent dès l'âge de 6-7 ans des bonnes à tout faire dans les grandes villes du pays, notamment à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech et Agadir. Dans la plupart des villes marocaines, le salaire du personnel de maison varie entre 400 et 800 dirhams maximum par mois (entre 35 et 70 euros environ). Le Collectif associatif pour l'éradication du travail domestique regroupant 34 ONG marocaines, a indiqué récemment qu'environ 30.000 filles mineures travaillaient comme domestiques, une pratique courante non réprimée par la loi. Selon un communiqué de ce collectif sanctionnant une journée de réflexion, tenue fin mai, sur la stratégie à adopter pour l'abolition de cette pratique sociale, le travail des enfants au Maroc représente une problématique sur les plans social, culturel, politique, économique et démographique. Le collectif a fait remarquer que le Maroc, qui a ratifié nombre de conventions internationales relatives aux droits de l'enfant, reste toujours "réservé" sur les mesures internationales à adopter dans sa stratégie de lutte contre l'exploitation économique des enfants. Lors de cette journée d'étude sur "le travail de domestiques mineures", le collectif a souligné que ce phénomène est dû essentiellement à la pauvreté, l'analphabétisme et la précarité des infrastructures au niveau des zones rurales, estimant que ces mineures subissaient une "violence physique et économique" en plus d'être sous-payées. A cette occasion, les participants avaient lancé un appel pour qu'entre en vigueur un projet de loi, voté en octobre 2011 par le conseil de gouvernement marocain, visant à abolir définitivement le travail des jeunes domestiques. Le projet prévoit notamment une amende allant de 25.000 à 30.000 dirhams pour toute personne employant à son domicile une mineure de 15 ans ou moins, et un doublement de cette amende accompagnée d'une peine de prison de 3 mois en cas de récidive, tarde à entrer en application dans les faits.