Environ 30.000 filles mineures travaillent comme domestiques au Maroc, une pratique courante et non réprimée par la loi, a indiqué le Collectif associatif pour l'éradication du travail domestique, regroupant 34 ONG marocaines. Selon un communiqué de ce collectif sanctionnant une journée de réflexion, tenue ce week-end à Rabat, sur la stratégie à adopter pour l'abolition de cette pratique sociale, le travail des enfants au Maroc représente une problématique sur les plans social, culturel, politique, économique et démographique. Le collectif a souligné que le Maroc, qui a ratifié nombre de conventions internationales relatives aux droits de l'enfant, reste toujours «réservé » sur les mesures internationales à adopter dans sa stratégie de lutte contre l'exploitation économique des enfants. Lors de cette journée d'étude sur «le travail de domestiques mineures », le collectif a relevé que ce phénomène était du essentiellement à la pauvreté, l'analphabétisme et la précarité des infrastructures au niveau des zones rurales, estimant que ces mineures subissaient une «violence physique et économique » en plus d'être sous-payées. A cette occasion, les participants ont lancé un appel pour qu'entre en vigueur un projet de loi, voté en octobre 2011 par le conseil de gouvernement marocain, en vue d'abolir définitivement le travail des jeunes domestiques. Le projet prévoit notamment une amende allant de 25.000 à 30.000 dirhams (entre 2500 à 3000 euros) pour toute personne employant à son domicile une mineure de 15 ans ou moins, et un doublement de cette amende agrémenté d'une peine de prison de 3 mois en cas de récidive. Au Maroc, beaucoup de petites filles issues de familles rurales pauvres deviennent dès l'âge de 6-7 ans des bonnes à tout faire dans les grandes villes notamment à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech et Agadir. Dans la plupart des villes marocaines, le salaire du personnel de maison varie entre 400 et 800 dirhams maximum par mois (entre 40 et 80 euros environ). Créé en mars 2009 par l'Association INSAF, la Fondation Orient-Occident, Amnesty International-Maroc et l'Association marocaine des droits humains, le collectif se fixe pour mission de créer les structures de support nécessaires à la réinsertion des jeunes employées domestiques, des filles qui, pour la plupart, ont commencé à travailler à 6-7 ans et n'ont de ce fait, jamais été à l'école.