L'Observatoire de l'enfermement des étrangers et Migrants Outremer ont affirmé vendredi qu'un mois et demi après son élection à la présidence de la République française, François Hollande "n'a pas complètement honoré sa promesse électorale" pour mettre fin à la rétention des enfants et de leurs familles. Ces deux ONG signalent aussi que la semaine dernière, des mineurs, parfois de moins de dix ans, étaient encore enfermés, avec ou sans leurs familles, à la frontière comme sur le reste du territoire français, "au mépris de leurs droits", déplorant que "si depuis 10 jours cette pratique a cessé en métropole, elle reste massive et quotidienne à Mayotte (Département d'outre- mer)". Pourtant, poursuivent-elles, le 20 février 2012, François Hollande "s'est engagé auprès de nos organisations à mettre fin dès le mois de mai à la rétention des enfants et de leurs familles, au nom de la protection de l'intérêt supérieur des mineurs et du respect des conventions internationales garantissant les droits humains". Le ministre de l'Intérieur a de son côté annoncé qu'une circulaire va être adressée aux Préfets pour mettre un terme à ces pratiques, rappellent les deux ONG dans un communiqué commun, relevant cependant que selon le journal en ligne Mediapart, "Mayotte risque d'être exclue de cette circulaire, devenant le seul département français où l'enfermement des enfants serait encore possible". "Pourtant, la situation est proprement scandaleuse dans cette île lointaine, 101ème département français et pas moins de 5 389 enfants y ont ainsi été privés de liberté en 2011 dans un centre de rétention jugé inhumain et dégradant", rappellent ces deux ONG. Cette situation est "aggravée par un régime juridique spécifique à l'outremer qui rend quasiment impossible tout recours efficace à un juge pour contester ces décisions administratives" font valoir les deux ONG. Elles soulignent également qu'en métropole, les stratégies de contournement déployées par l'administration pour faire primer la répression sur la protection des enfants sont nombreuses : "leur minorité trop souvent contestée par une expertise osseuse approximative permet ainsi leur renvoi forcé, et des familles sont séparées du fait de la décision de certaines préfectures d'enfermer et d'éloigner un seul parent". Aussi, l'Observatoire de l'enfermement des étrangers et Migrants Outremer appellent le Président nouvellement élu à "respecter ses engagements afin que soit immédiatement et définitivement mis fin à l'enfermement, sous quelque forme que ce soit, de tous les mineurs étrangers et de leurs familles sur l'ensemble du territoire français". Les deux ONG demandent également que soit enfin rétablie "l'égalité des droits dans l'ensemble de la République, en mettant un terme au régime dérogatoire du droit des étrangers d'outremer".