Dans une nouvelle tentative de résoudre la crise en Syrie, le "Groupe des amis du peuple syrien" tiendra, vendredi à Paris, sa troisième réunion en présence d'une centaine de pays occidentaux et arabes mais en l'absence de Moscou et Pékin, principaux soutiens de Damas sur la scène internationale. La rencontre de Paris qui fait suite aux réunions de Tunis en février et d'Istanbul en avril, et qui sera ouverte par le président français François Hollande, constituera, selon la diplomatie française, "un soutien accru de la communauté internationale" au peuple syrien. Cette réunion, à laquelle prendra part également des organisations internationales et des représentants de l'opposition syrienne vise aussi à "accroître la pression sur le régime du président Bachar al-Assad", contesté depuis mars 2011, pour que soit appliqué le plan de Genève" de l'émissaire international Kofi Annan sur une transition politique et un cessez-le-feu jamais respecté, d'après une source diplomatique occidentale. Le ministre des Affaires étrangère, Mourad Medelci participera à la troisième réunion "du Groupe des amis du peuple syrien", suite à l'invitation du ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, a indiqué mercredi un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Alliée de longue date de Damas, la Russie qui ne cesse de réaffirmer qu'il revient aux Syriens de déterminer leur avenir, a annoncé "sans surprise" à la France qu'elle ne participerait pas à la conférence des Amis du peuple syrien. "La Russie a été invitée, elle a fait savoir qu elle ne souhaitait pas y participer, ce qui n'est pas une surprise", a dit M. Fabius à la presse à l'issue d'un entretien avec son homologue allemand, Guido Westerwelle. L'autre allié traditionnel du gouvernement syrien, la Chine a emboîté le pas à la Russie, en annonçant jeudi qu'elle "n'envisage pas à l'heure actuelle de participer à la conférence" des Amis du peuple syrien, par la voix d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pékin et Moscou avaient déjà refusé de participer aux deux précédentes réunions des Amis du peuple syrien. Tous les deux ont bloqué l'adoption de deux résolutions de l'ONU condamnant le régime de M. al-Assad. Pour Pékin, la communauté internationale devrait "se concentrer sur l'application du consensus atteint lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du plan d'action sur la Syrie à Genève samedi dernier", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Weimin, lors d'un point de presse régulier. L'accord obtenu à Genève par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France porte sur une transition avec un nouveau gouvernement à Damas comprenant des représentants du gouvernement et de l'opposition, sans mentionner le départ du président syrien. Mais ce document a donné lieu à des interprétations divergentes. L'accord de Genève a été par ailleurs, rejeté par l'opposition syrienne. Le Conseil national syrien (qui rassemble la majorité des courants) a répété qu'il n'accepterait aucune initiative "sans qu'elle appelle clairement au départ de Bachar al-Assad". Le CNS réclame une résolution coercitive de l'ONU sous chapitre VII pour obliger Damas à appliquer le plan Annan qui prévoit un cessez-le-feu resté lettre morte. Mais si Paris et Washington sont favorables à une résolution sous chapitre VII qui inclut un possible recours à la force, Moscou y est opposé. Pour tenter de présenter à Paris une vision unifiée sur la période de transition, les opposants syriens se sont aussi réunis lundi et mardi derniers au Caire sous l'égide de la Ligue arabe. Mais s'ils se sont accordés pour dire que "le début d'une solution politique doit débuter par le départ du régime de Bachar al-Assad". A la veille de la rencontre de Paris, le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a critiqué la communauté internationale qui ne fait selon lui que palabrer dans de "beaux hôtels" sans remédier à l'enlisement du conflit syrien. "Il y a beaucoup trop de discussions dans de beaux hôtels, dans d'agréables réunions, alors que l'on agit trop peu pour aller de l'avant et arrêter la violence", a déploré devant la presse à Damas, le général Mood, chef d'une mission d'observateurs aujourd'hui suspendue en raison de l'escalade des violences dans ce pays. Il a toutefois reconnu la difficulté des pourparlers, estimant que la réunion du 30 juin à Genève préconisant un gouvernement de transition était "le meilleur résultat possible en vue d'une issue pacifique pour le peuple syrien".