Le comédien espagnol Javier Bardem qui vient de réaliser un documentaire sur le peuple sahraoui sous occupation marocaine, parle de son engagement envers la cause et les droits de ce peuple, dans un entretien publié par l'influent journal italien Corriere della Sera dans son édition de vendredi. L'acteur, reconnu internationalement pour son talent, explique la genèse de son engagement en rappelant qu'il avait visité les camps des réfugiés, pour la première fois en 2008, écrit le journal. "J'ai vécu avec eux dans leurs tentes, j'ai partagé avec eux leur nourriture et écouté leurs histoires. Ils sont un peuple qui fait montre de beaucoup de dignité et de la résilience. C'est une honte internationale que les générations de Sahraouis naissent, vivent et meurent dans les camps de réfugiés, tandis que les autres souffrent sous la répression dans les territoires occupés, oubliés depuis plus de 20 ans", raconte-t-il au journal. "Personne n'écoute leurs souffrances. Je me demandais comment je pourrais me rendre utile. Suis-je un médecin ? Infirmier ? Un expert en logistique ? Non, mais je peux contribuer à leur donner une voix" et c'est ce que j'ai fait. Donc, avec le réalisateur Alvaro Longoria Hijos de las Nubes, j'ai décidé de tourner un documentaire, sur cette dernière colonie en Afrique. Le film a été présenté récemment au Parlement européen", explique-t-il. Le comédien revient sur l'histoire ancienne et récente du peuple sahraoui, dont le pays était "une colonie espagnole de 1884 jusqu'en 1975", dit-il, ajoutant qu'"après l'Espagne, ce pays a été annexé par le Maroc et la Mauritanie". "Suite à la résistance tenace du Front Polisario, le mouvement pour la libération du peuple sahraoui, la Mauritanie a renoncé au territoire en 1979. Le Front Polisario a obtenu le soutien de l'Algérie et le Maroc celui de la France et des Etats-Unis. Pour échapper à la guerre, les civils ont été forcés de fuir dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie, où il vivent toujours", rappelle-t-il au journal. Javier Bardem explique ensuite aux lecteurs de Corriere qu'"en 1991, un cessez-le-feu a été signé entre le Polisario et le Maroc sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies qui a alors mis en place la MINURSO avec le consentement des deux parties, qui devraient prendre des dispositions nécessaires pour l'année suivante pour la tenue d'un référendum d'autodétermination". "Ce référendum n'a pas encore eu lieu. Certains membres du Conseil de sécurité (France et Etats-Unis) opposent leur veto pour que le mandat de la MINURSO ne soit pas élargi à la protection des droits de l'homme, entraînant des violations graves de ces droits dans les territoires occupés", déplore-t-il. Le comédien revient ensuite, sur l'action pacifique du peuple sahraoui de l'automne 2010, près d'El-Ayoune, lorsqu'avait été mis en place "le camp de la dignité" à Gdeim Ezzik pour expliquer au journal que c'est ce peuple qui avait commencé ce qu'on a appelé "le printemps arabe". A une question sur la probabilité de la reprise de la lutte armée, Bardem fait part de sa "préoccupation d'entendre des gens de plus en plus de jeunes dire, souligne-t-il, qu'il étaient prêts à reprendre la lutte armée et les preuves recueillies dans les camps de réfugiés en Algérie semblent confirmer cette thèse".