Le médiateur de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), Jacob Zuma, a réuni mercredi aux Seychelles le président malgache de transition Andry Rajoelina et l'ex-chef de l'Etat renversé Marc Ravalomanana en vue de discuter d'une sortie de crise politique à Madagascar. Selon une source gouvernementale seychelloise, "le face-à-face entre le président de la transition malgache et l'ancien président malgache a débuté sur l'île de Desroches aux Seychelles en présence du président sud-africain Jacob Zuma et du président seychellois James Michel". Arrivé dans la matinée aux Seychelles, Jacob Zuma dirige la "troïka" de la SADC, l'organe de défense de l'organisation. James Michel qui a invité les deux protagonistes participe à cette réunion en sa qualité de président en exercice de la Commission de l'océan Indien (COI), et dont le pays est membre de la SADC. Ces pourparlers visent à trouver un accord pour faire sortir Madagascar de la crise politique déclenchée par le renversement de Marc Ravalomanana début 2009 par le jeune opposant, alors maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina soutenu par l'armée. La Troïka de la SADC a insisté sur l'importance de cette réunion qui doit déboucher un accord, en soulignant que l'esprit de réconciliation, de compromis et de coopération entre les deux parties est primordial pour ce succès. Elle a estimé qu'à l'issue de cette rencontre, le peuple de Madagascar doit sortir gagnant et que le peuple ne peut pas demeurer otage d'une absence d'accord. La communauté de l'Afrique australe a mis la pression sur les deux protagonistes pour qu'ils parviennent à un "accord final" d'ici le 31 juillet, sous peine de désavouer le responsable d'un éventuel échec qui serait de fait isolé du processus de sortie de crise. Ces discussions qui se tiennent aux Seychelles sont confrontées à des difficultés pour la conclusion d'un accord de sortie de crise. Parmi les principaux points de divergence, le retour au pays de M. Ravalomanana qui se trouve en exil en Afrique du Sud depuis sa chute, ainsi que sa participation à la prochaine élection présidentielle. En outre, l'ex-président fait l'objet d'une condamnation par la justice malgache aux travaux forcés à perpétuité par contumace pour le meurtre de dizaines de manifestants abattus par sa garde présidentielle en 2009. Début juillet, un projet de loi a été voté par le Parlement malgache, excluant de la prochaine élection présidentielle les individus "condamnés pour crimes ou délits". MM. Rajoelina et Ravalomanana s'étaient déjà rencontrés à plusieurs reprises, mais cette nouvelle réunion a un cachet particulier, elle se déroule en tête-à-tête et sans la présence de la presse. Les deux rivaux ont signé plusieurs accords à Maputo et Addis-Abeba en 2009 puis tenté de nouvelles négociations à Pretoria en 2010 et Gaborone en 2011, sans parvenir à trouver une véritable issue à la crise. En septembre 2011, ils ont signé une "Feuille de route" devant préparer la sortie de crise, rédigée sous l'égide de la SADC, mais sa mise en œuvre reste chaotique. Madagascar traverse une crise politique depuis décembre 2008 à la suite de l'éviction par Andry Rajoelina, alors maire d'Antananarivo de l'ancien président Marc Ravalomanana. Les institutions de transition ont été installées après que les principaux partis malgaches eurent signé, en septembre, une "feuille de route" qui a pour objectif de faire sortir la Grande Ile de la crise. Un récent rapport des Nations unies préconise des élections présidentielle et législative jumelées en mai ou juin 2013.