Le gouvernement français semble vouloir se plier aux exigences de la Commission européenne en matière d'emploi en convoquant jeudi une réunion interministérielle devant notamment étudier la levée des mesures limitant l'accès des Roms au marché du travail. Cette réunion qui sera présidée "la semaine prochaine" par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, devrait permettre la levée des mesures limitant l'accès des Roms au marché du travail, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. "Il y aura un certain nombre de pistes de travail qui seront annoncées" à l'issue de cette réunion et la levée des mesures transitoires qui limitent actuellement l'accès des Roms au marché du travail "peut être une des solutions", a-t-il ajouté. Les ressortissants roumains et bulgares, nationalités de la majorité des Roms dont des camps jugés illégaux sont évacués ces derniers jours par la police en France, sont soumis à des "mesures transitoires" qui leur rendent très difficile l'accès au marché du travail dans huit pays de l'UE, dont la France. Ces mesures transitoires obligent l'employeur qui veut embaucher pour plus d'un an un Rom bulgare ou roumain, à payer au minimum 713 euros de taxe à l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration) pour proposer un emploi dans une liste limitée à 150 métiers définis par le gouvernement français, et soumis ensuite à autorisation préfectorale. Des évacuations, depuis début août, de campements Roms successivement à Lyon, Paris, Lille et Marseille, avaient suscité de vives réactions de la part de collectifs de défenseurs des droits humains qui se sont dits inquiets du devenir de ces minorités. Le Collectif national droits de l'Homme (CNFH) Romeurope avait demandé au premier ministre Jean-Marc Ayrault à le rencontrer "dans les meilleurs délais" pour discuter du démantèlement des campements illégaux de Roms. De son côté, le Forum européen des Roms et des gens du voyage (Ferv) a demandé au président français François Hollande l'arrêt du démantèlement des camps Roms sans solution alternative, conformément à ses promesses de campagne. Selon son porte-parole, la Commission européenne a affirmé "suivre de près" la manière dont les autorités françaises procèdent au démantèlement des campements de Roms et vouloir s'assurer du respect des garanties contre les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires. Dans une tribune publiée jeudi dans Libération, la vice-présidente de la CE, Viviane Reding, a demandé au gouvernement français que l'intégration des Roms devienne "une réalité dès aujourd'hui" et ne soit pas seulement "des stratégies sur le papier et de beaux discours". Elle réagissait aux propos de M.Valls selon qui "il faut du temps" pour la recherche de solutions pour l'insertion des Roms, par le logement et le travail. "L'objectif" de ne pas évacuer de camps sans solution de relogement, engagement du candidat Hollande, "sera progressivement mis en £uvre, mais c'est difficile, et il faut le dire", a-t-il affirmé.