La situation politique au Mali s'est davantage compliquée sur fond de divisions à propos de la demande des autorités de transition à l'Afrique de l'Ouest d'intervenir militairement pour aider à libérer le nord du pays, aux mains de groupes armés depuis six mois. Après une longue période d'attente, le président malien par intérim a enfin décidé d'adresser une demande formelle à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour une intervention militaire au Mali afin de récupérer les régions du nord. La requête formulée par Diancounde Traoré a été transmise par le secrétaire général de la présidence malienne, Baba Berthé, au chef de l'Etat ivoirien et président en exercice de la Cédéao, Alassane Ouattara, lors d"'une rencontre mercredi à Abidjan. "Le Mali est en danger et ce danger est un danger transforontalier. Sa gestion va au-delà de la capacité de l'Etat malien", avait déclaré M. Berthé avant d'ajouter : "La réponse doit être une réponse transfrontalière. Le président Traoré m'a donc envoyer pour demander le soutien de la région subsaharienne, de la Cédéao, et de la Côte d'Ivoire, pour gérer ce problème en relation avec l'Union africaine et les Nations unies". Pour sa part, la présidence ivoirienne avait précisé dans un communiqué à l'issue de la rencontre d'Abidjan, que le Mali a demandé l'aide de la Cédéao pour "assurer la sécurité des institutions de son gouvernement de transition, réorganiser son armée et ses forces de sécurité et rétablir son intégrité territoriale". Cependant, l'ancienne junte militaire, contrainte sous la pression internationale de remettre le pouvoir à une autorité civile dirigée par le président Traoré, a rejeté mercredi tout déploiement de forces terrestres étrangères sur le sol malien. "Notre réaction est claire : Nous acceptons un soutien logistique et aérien et des frappes aériennes mais un déploiement de forces terrestres est hors de question", a déclaré Bakary Manko, porte-parole de l'ex-chef de la junte, Amadou Sanogo. Quant à la Cédéao, elle a déclaré qu'elle était prête à envoyer quelque 3.300 soldats pour reconquérir le nord malien mais a dit attendre un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU avant toute intervention. Par ailleurs, la situation dans le nord du Mali sera au centre d'une réunion extraordinaire de la Cédéao, le 17 septembre à Abidjan, a annoncé lundi la présidence ivoirienne. Cette réunion, qui se tient au niveau des ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intégration africaine, précédée d'une réunion des chefs d'état-major, est la première depuis la demande formelle d'aide adressée à l'Afrique de l'Ouest par les autorités de transition maliennes. La Cédéao est engagée dans la médiation pour résoudre la crise malienne née d'un coup d'Etat militaire ayant renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT) le 22 mars dernier, putsch qui a précipité la chute du vaste nord du pays aux mains de groupes "extrémistes". Les villes de Kidal, Gao et Tombouctou (nord) sont tombées il y a cinq mois aux mains du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'autres groupes armés, dont des rebelles touareg et jihadistes liés à Al-Qaïda. Les islamistes ont ensuite évincé leurs ex-alliés touareg et contrôlent désormais totalement le Nord. Le 1er septembre, le Mujao s'est emparé sans combat de la ville stratégique de Douentza, dans le centre du pays.