Des universitaires et des journalistes ont rendu, mardi à Alger, un hommage au poète et romancier algérien Rabah Belamri lors d'une rencontre organisée dans le cadre du 17e Salon international du livre d'Alger (SILA). Le parcours et l'œuvre de Rabah Belamri, décédé en 1995, ont été évoqués en présence de membres de sa famille qui ont apporté leur témoignage sur sa vie avant la projection d'un film hommage inédit réalisé par deux jeunes cinéastes originaires de la ville natale de l'écrivain. L'universitaire Omar Chaâlal a d'emblée tenu à rappeler les thèmes les plus marquants de l'œuvre de Belamri, l'enfance et la guerre de libération nationale. Des éléments "constitutifs de son œuvre", selon Omar Chaâlal, et qui trouvent leur justification dans la cécité de Rabah Belamri, survenue en 1962, à l'indépendance de l'Algérie alors qu'il était âgé de seize ans. "Rabah Belamri est entré dans les ténèbres alors que l'Algérie accédait à la lumière", a estimé Omar Chaâlal en évoquant la cécité de l'auteur. Une "tragédie" qui se traduit par une "forme éclatée" chez l'auteur et un style fait " de douleur et de douceur" a-t-il poursuivi. Le frère cadet de l'écrivain, Bachir Belamri, a lui aussi évoqué la perte de la vue de son frère et les tentatives de sa mère de le guérir en "l'emmenant voir des charlatans". Ce dernier épisode est relaté dans "Regard blessé", un roman publié en 1987 par Rabah Belamri et dont le journaliste Ammar Nedjar a lu quelques extraits. Le journaliste a, par ailleurs, rappelé que Belamri était aussi un "conteur exceptionnel" en évoquant ses différentes adaptations de contes populaires algériens concrétisés par plusieurs publications dont "L'oiseau et le grenadier" paru en 1986. Il s'est aussi étonné que les traductions en arabe de certaines œuvres de l'auteur dont son premier roman "Le soleil sous le tamis" n'aient pas connues une meilleure diffusion en Algérie. Tout en rappelant qu'un espace à la Bibliothèque Nationale consacré aux non-voyants porte le nom de Rabah Belamri, Ammar Nedjar a appelé à une meilleure diffusion de son œuvre, notamment à l'adresse des plus jeunes. Pour sa part, l'universitaire Hamid Nacer Khodja est intervenu pour rappeler à l'assistance que Belamri était aussi un "essayiste exceptionnel". Il a dans ce sens rappelé les travaux universitaires de l'écrivain à l'exemple de sa thèse parue en 1980 à l'Office national des publications universitaires sous le titre "L'œuvre de Louis Bertrand, miroir de l'idéologie colonialiste" ou encore ses travaux sur le poète franco-algérien Jean Sénac. La rencontre s'est conclue par la projection du film "Rabah Belamri, un regard blessé", réalisé par Sofiane Belkadi et Cherbal Mohammed, une série de montages photos et vidéos sur des lectures de textes de l'auteur ainsi que des extraits d'émissions de télévision et de radio françaises dans lesquels Rabah Belamri parle de son travail de poète et de romancier. Né le 11 octobre 1946 à Bougaâ (Sétif) Rabah Belamri perd la vue à l'âge de seize ans alors qu'il étudiait au lycée Mohamed Kerouani de Sétif (anciennement lycée Albertini). En 1972, il se rend à Paris pour soutenir une thèse de doctorat, il s'y installera définitivement. Rabah Belamri est l'auteur de plusieurs romans, recueils de poésie et recueils de contes populaires, dont " Le soleil sous le tamis", "Regard blessé" et "Femme sans visage" réédités aux éditions algériennes Apic. Il décède le 28 septembre 1995 à Paris, et est enterré au cimetière de Montparnasse, dans le carré des poètes.