Une série d'attentats a secoué mercredi le centre d'Alep (nord), faisant des dizaines de morts et de blessés, alors que le médiateur international pour la Syrie Lakhdar Brahimi compte retourner dans la région cette semaine pour s'efforcer d'obtenir un arrêt des violences dans le pays. Plusieurs bilans ont été donnés à la suite des attentats qui ont frappé cette deuxième ville de Syrie : l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui cite des sources médicales a parlé d'au moins 40 personnes tuées et 90 blessées. Selon cette ONG, la plupart des morts et des blessés sont des membres des forces gouvernementales. Les explosions ont visé un club d'officiers et des barrages de l'armée régulière". La télévision officielle al-Ikhbariya a fait état de son côté d'un bilan provisoire de "31 morts et de dizaines de blessés" qualifiant ces attentats de "terroristes". Un responsable d'Alep a indiqué de son côté que "le bilan pourrait s'alourdir car il y a beaucoup de blessés graves", après avoir fait état dans un premier lieu de 27 morts et 72 blessés. Deux voitures ont d'abord explosé à une minute d'intervalle dans deux rues proches du club des officiers donnant sur la célèbre place Saadallah al-Jabiri, d'après une source militaire. Une troisième voiture piégée a explosé à 150 mètres de la place, à l'entrée de la vieille ville, a-t-on ajouté. Depuis le début en mars 2011 du mouvement de contestation du pouvoir en place en Syrie qui s'est transformé au fil des mois en violents combats entre forces gouvernementales et rebelles, les autorités de Damas attribuent les troubles dans le pays à des "terroristes" soutenus par l'étranger. Cette nouvelle vague de violences intervient au moment où le médiateur international pour la Syrie, l'Algérien, Lakhdar Brahimi, s'apprête à retourner dans la région cette semaine pour s'efforcer d'obtenir un arrêt des hostilités. Selon le vice-secrétaire général de l'ONU Jan Eliasson., M. Brahimi "va retourner dans la région cette semaine pour continuer son travail et nous espérons qu'ensuite nous pourrons progresser vers une réduction de la violence qui doit être notre priorité". Il a envisagé un scénario positif selon lequel "le gouvernement syrien accepterait de cesser les bombardements contre sa population. Cette désescalade pourrait alors être suivie d'une réduction de la violence par l'autre camp", et d'un cessez-le-feu "dans le meilleur des cas". Ce qui, a-t-il souligné, "améliorerait les chances d'avancer sur le plan politique" entre Damas et l'opposition syrienne. En recevant lundi en marge de l'Assemblée générale de l'ONU le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a insisté sur la nécessité de "cesser les bombardements aériens et d'artillerie contre les civils". M. Mouallem lui a promis de transmettre (le message) aux dirigeants syriens" à Damas, selon le vice-secrétaire général de l'ONU. A propos de l'initiative prise par le président égyptien Mohamed Morsi d'organiser une réunion sur la Syrie regroupant l'Iran et l'Arabie saoudite, le responsable onusien a expliqué que "M. Brahimi travaillera depuis le Caire à partir de le semaine prochaine pour être plus proche de la région et travailler étroitement avec ses collègues égyptiens". L'émissaire international avait annoncé récemment son intention d'ouvrir un bureau pour sa mission au Caire, en plus de celui de Damas et de retourner dans la région après des consultations en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Il s'était rendu pour la première fois à Damas à la mi-septembre pour rencontrer le président Bachar al-Assad. Les violences qui secouent la Syrie depuis plus de 18 mois, débordent régulièrement dans les pays voisins, avec la Jordanie, la Turquie, l'Irak ou le Liban où des affrontements sont notamment signalés aux frontières. Ces pays sont en outre pris d'assaut par un flux ininterrompu de réfugiés. Le nombre de Syriens réfugiés dans les pays limitrophes a triplé ces trois derniers mois, pour dépasser le seuil des 300.000, a annoncé mardi le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés, selon qui ce nombre devrait doubler avant la fin de l'année. Réitérant sa préoccupation face à cette situation, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, a mis en garde mardi contre des conséquences de la crise syrienne qui "pourraient être catastrophiques pour tout le monde arabe". "La crise syrienne représente un défi majeur pour les pays arabes en ce moment. Les résultats de la crise pourraient être catastrophiques non seulement pour la Syrie, mais pour tout le monde arabe", a dit M. El-Arabi, à l'ouverture du 3e Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Amérique du Sud et Pays Arabes (ASPA), dans la capitale péruvienne, Lima. Il a aussi appelé, au cours de ce sommet qui s'est achevé mercredi matin, à "travailler pour mettre fin à la violence en Syrie". "Toutes les initiatives de paix n'ont conduit à aucun résultat, aucune solution n'a été trouvée pour débloquer la situation d'un point de vue politique", a-t-il rappelé.