L'historien Larbi Zoubeiri a estimé mercredi à Alger que la bataille d'Issine qui s'est déroulée au sud-ouest libyen, aux frontières algéro-libyennes "a ouvert la porte à la résistance contre le colonialisme français dans le sud est algérien et a permis de desserrer l'étau sur le nord, après l'intensification des combats". Lors d'une conférence sur "la bataille d'Issine : une étape de la solidarité des peuples maghrébins avec la révolution algérienne", M. Zoubeiri a regretté le fait que "les historiens n'ont pas accordé d'importance à cet évènement historique", d'autant que "les thèses de magister réalisées à cet effet par les étudiants algériens et libyens ne reposent pas sur des bases scientifiques". Il a indiqué que l'Armée française avait procédé le 3 octobre 1957 au bombardement aérien de la ville d'Issine, aux frontières algéro-libyennes, en réponse aux actions menées par les combattants algériens à partir du territoire libyen. Lors de cette conférence, organisée par l'association "Machaal Echahid", en coordination avec le conseil consultatif de l'Union du Maghreb arabe (UMA), en présence de plusieurs chercheurs et du chargé d'affaire de l'ambassade de Libye à Alger, l'historien a rappelé que "la bataille figurait parmi les questions évoquées à la conférence de Tanger, organisée en avril 1958 qui a réuni les instances représentatives des peuples maghrébins (Maroc-Tunisie-Algérie) et qui a soutenu la révolution algérienne", soulignant qu'une autre bataille a eu lieu dans la même région, en novembre 1958. M. Zoubeiri a affirmé qu'à Issine, "une véritable bataille" s'est déroulée en ce temps-là, citant les témoignages du colonel libyen Nouri, commandant de l'armée libyenne dans la région du sud-ouest libyen "qui a soutenu les moudjahidine algériens contre les forces françaises, en dépit de l'instruction du gouvernement libyen en ce temps-là qui avait refusé d'intervenir dans le conflit". "Plusieurs martyrs sont tombés au champ d'honneur lors de la bataille d'Issine qui a duré plusieurs jours et qui rappelle les évènements de Sakiet Sidi Youcef en Tunisie, car elle représente la lutte commune et le rapprochement entre les peuples algérien et libyen", a-t-il rappelé. Il a également cité la lettre du colonel Mohamed Chaabani, commandant de la wilaya historique VI dans laquelle "il a remercié le colonel Nouri, ainsi que ses soldats, pour avoir soutenu les Algériens et la révolution nationale algérienne", soulignant que "l'histoire de la bataille doit être écrite de façon méthodique et non à travers des témoignages et des notes subjectives". Le chargé d'affaire à l'ambassade libyenne à Alger a rappelé le rôle de son pays dans le soutien de la cause algérienne, précisant que le roi Idris "avait donné l'ordre d'héberger les Algériens, de rassembler des dons pour eux et de les munir d'armes et ce sans conditions".