Même après 50 ans, Sakiet Sidi Youssef est un nom qui résiste au temps. «L'agression de l'armée française contre Sakiet Sidi Youssef est considérée comme un crime contre l'humanité.» C'est en ces termes que Abdelmadjid Chikhi, directeur général des Archives nationales, s'est exprimé lors d'une conférence-débat, tenue hier au centre de presse d'El Moudjahid et ayant pour thème l'«Aspect juridique de l'agression de Sakiet Sidi Youssef». Une vingtaine de bombardiers et de chasseurs français ont passé à l'action en 1958 contre ce bourg abritant un cantonnement des moudjahidine de l'ALN (Armée de libération nationale). Le bilan était lourd: plus de 70 tués, en majorité des civils, et 130 blessés. En présence de Saïd Moukaddam, le représentant du Conseil consultatif maghrébin, de M.Hamlaoui, délégué de l'ambassade de Tunisie, et de l'ancien colonel Tahar Zbiri, le conférencier s'est étalé sur l'époque coloniale. Ce dernier affirme que «l'effondrement de l'Etat algérien n'était que virtuel et l'esprit nationaliste coule dans le sang des Algériens» même si «l'Algérie était introuvable puisque c'était une partie indissociable de l'Etat français», dit-il. Pour sa part, M.Hamlaoui disait que «tout au long du mois de janvier 1958, l'armée française subissait des attaques de la part des éléments de l'ALN basés aux alentours du village de Sakiet situé à 500 m de la frontière avec la zone de la Wilaya II historique». Suivant ses propos, la mémoire collective des deux peuples a soif de reconnaissance depuis plus de 50 ans. «Les événements de l'agression de l'armée française contre Sakiet Sidi Youssef a provoqué le retrait de l'ambassade de Tunisie à Paris. Cet événement a eu un écho international». Tenant la parole en tant qu'invité d'honneur, l'ancien colonel Tahar Zbiri a déclaré qu'il a fait «tout simplement son devoir». Chaque année, les deux peuples, algérien et tunisien, se rappellent les bombardements qui ont fait des dizaines de victimes parmi les villageois de Sakiet. Des activités et des manifestations sont organisées, en commun et séparément. Nos frères Tunisiens ont été, tout au long de la guerre de Libération, solidaires de l'Armée de libération nationale. Nos combattants trouvaient refuge dans les régions tunisiennes proches des frontières. Cette année, la commémoration est marquée par l'émission d'un timbre-poste en commun avec la Tunisie, par Algérie Poste. Ce timbre, d'une valeur faciale de 15DA, sera mis en vente anticipée, vendredi et samedi prochains, dans les 48 recettes principales des postes situées au chef-lieu de wilaya et dans certaines recettes principales.
