Les deux peuples algérien et tunisien célèbrent, aujourd'hui, le 54e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youcef qui ont consacré l'unité de sang et de combat que symbolise le sacrifice de nombreuses vies humaines, suite au bombardement barbare commis par l'occupant français le 8 février 1958 contre la population civile innocente du village de Sakiet Sidi Youcef en représailles de son soutien aux combattant algériens. Usant du prétendu "Droit de poursuite", après notamment les attaques menées par des unités de l'ALN contre des positions françaises, le 11 janvier 1958, qui ont fait 42 victimes dans les rangs des troupes d'occupation auxquels s'ajoutent 4 soldats faits prisonniers, la France avait sciemment choisi cette date parce que c'était jour de marché, et que c'était l'occasion pour des réfugiés algériens de venir récupérer les aides fournies par les organisations humanitaires internationales. L'attaque, menée par plus de 25 bombardiers et chasseurs et qui a ciblé des écoles, des bâtisses publiques et des lieux de concentration de populations, comme le marché, a fait plus de 79 martyrs, dont des femmes et des écoliers, et des centaines de blessés. Il est à rappeler qu'avant Sakiet Sidi Youcef, il y eut déjà Essayenne aux frontières algéro-libyennes où une agression du même type avait fait des dizaines de victimes algériennes et libyennes. Ce fait reflète le soutien du peuple libyen à la cause algérienne. Sur l'objectif de ces raids et leurs conséquences négatives pour la France, les historiens s'accordent à dire que la stratégie consistait à provoquer la détérioration des relations entre les peuples algérien et tunisien afin de dissuader les Tunisiens d'apporter leur aide à la révolution algérienne. S'agissant des effets négatifs, ils se traduisent par le vaste mouvement de réprobation et de condamnation de l'opinion publique internationale, scandalisée par cette agression barbare menée par un pays qui se prétendait porteur de valeurs civilisationnelles, se présentait comme le champion des droit de l'homme et de la démocratie, et qui s'est choisi par devise "liberté, égalité, fraternité". Par ailleurs, et loin de saper l'unité des deux peuples, cette attaque n'a fait que la renforcer davantage. Suite à cette agression, feu le président Habib Bourguiba déposa une plainte au Conseil de sécurité de l'ONU, plainte qui n'a pas été suivie d'effet après le veto opposé du fait de la politique du deux poids deux mesures qui régissait déjà les relations internationales et qui sera appliqué à la cause algérienne pendant plus de cinq années, jusqu'au 20 décembre 1960, date de l'adoption de la résolution 1514 qui a mis la France devant le fait accompli, en reconnaissant aux peuples sous domination coloniale le droit à l'autodétermination et à l'indépendance. Pour sa part, le peuple algérien a poursuivi le combat avec davantage de détermination et les tentatives désespérer de l'occupant de saper la solidarité agissante entre les peuples d'Afrique du Nord n'ont fait que la conforter parce que convaincus de leur destinée commune comme le démontre la décision du FLN, de l'Istiqlal (Maroc) et du Néo-Destour (Tunisie) d'unifier le front de la lutte et à la conférence de Tanger qui s'était tenue du 27 au 30 avril 1958. A vrai dire, la France pensait qu'avec les lignes Challe et Morice elle allait isoler la Révolution algérienne et la couper de ses bases. Rien n'en fut puisque les combats se sont poursuivis avec davantage d'intensité malgré les moyens colossaux en armes et effectifs déployés par l'occupant. Bien plus, aux succès enregistrés sur le champ de bataille sont venus se greffer les succès sur le plan diplomatique avec le soutien des peuples arabes, africains mais aussi de tous les peuples épris de paix et de liberté au combat héroïque du peuple algérien.