Plusieurs responsables de clubs d'escrime algériens ont appelé le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) à prendre en considération ce sport et à lui accorder plus d'intérêt en mettant à leur disposition les moyens de travail nécessaires et en encourageant les jeunes champions dans les compétitions nationales. Ces responsables ont estimé que les résultats "décevants" de l'Algérie sur la scène internationale dans les différentes disciplines, dont l'escrime, est le fruit du laisser-aller de la tutelle envers ces clubs qui forment néanmoins des jeunes talents avec des moyens dépassés. Ainsi, le président de Jil Jadid Annaba, Abdelouahab Khedrane, a indiqué en marge de la coupe d'Algérie d'escrime (juniors) qui a pris fin vendredi à la salle omnisports de Hammamet (Alger) qu'il avait dû priver plusieurs éléments de son équipe de participer à cette compétition en raison du manque de moyens pouvant assurer le voyage et l'hébergement de deux jours à Alger. "Nous avons fait le déplacement avec 14 escrimeurs d'Annaba à Alger sur un total de 45 athlètes qui font partie du club et nous avons dépensé plus de 8 millions de centimes pour un hébergement de deux jours très modeste dans la capitale", a-t-il relaté. De son côté, l'entraîneur de Jil Jadid Annaba, Gherbi Boukhadra, a affirmé que son club compte quatre jeunes éléments qui se sont distingués en équipes nationales (trois cadettes en sabre et un jeune au fleuret) dont l'escrimeuse Chima Yahla, âgée tout juste de 12 ans (minime-fleuret) qui a pris part pour la première fois à la coupe d'Algérie juniors et a battu la championne arabe Feriel Adjaïbi par 5 touches à 3. Ses coéquipières Nerdjes Allaoua (cadette) et Kamer Bendaoued (minime) ont remporté respectivement les médailles d'argent et de bronze dans la spécialité du sabre et devraient être convoquées prochainement en équipe nationale des juniors, a pronostiqué leur entraîneur. Ces responsables de Jil Jadid Annaba ont exprimé leur déception quant à l'état actuel de ce sport dans la ville bônoise où les moyens d'encadrement sont dépassés et loin d'être au diapason de ce qui est utilisé dans les pays voisins à l'image de l'Egypte qui a formé un champion olympique grâce aux moyens mis à la disposition des athlètes notamment en matière de bon encadrement (exemple : désignation d'un entraîneur dans chaque spécialité, sabre, épée, fleuret), à l'inverse de l'Algérie qui souffre l'absence de techniciens spécialisés. L'entraîneur du club amateur sétifien, Saci Ghettache, a évoqué les mêmes problèmes qui n'"encouragent ni les entraîneurs ni les athlètes à poursuivre le travail vu la négligence des responsables sportifs en Algérie qui font semblant de prendre en considération tous les sports, mais la réalité est autre chose : ils ne s'occupent que du football qui se taille la part du lion du budget consacré par le ministère de la Jeunesse et des Sports". "Le MJS doit mettre fin à la discrimination dans l'octroi des aides" Saci Ghettache a regretté que plusieurs clubs "travaillent dans l'anonymat et ne sont appelés que pour prendre part aux compétitions nationales officielles". "Ce que nous demandons, c'est que la tutelle, en collaboration avec la fédération concernée, presse les autorités locales pour mettre à la disposition des clubs des salles adéquates pour bien se préparer, ce qui s'applique à tous les sports, pas seulement à l'escrime", a-t-il ajouté. Le président du club amateur sétifien, Samir Mezaghcha, a appelé les responsables du sport en Algérie à "cesser la politique de discrimination appliquée dans l'octroi des aides aux clubs. Des aides que s'approprient certaines équipes qui dominent ainsi les différentes compétitions nationales". M. Mezaghcha a cité, à titre d'exemple, le club du Groupement sportif des Pétroliers (GSP) qui est coaché dans une salle fédérale à Ghermoul (Alger) par l'entraîneur national, ce qui est "inacceptable", sans oublier les "aides et primes qu'il reçoit". Le GSP a remporté, vendredi, la coupe d'Algérie d'escrime réservée aux juniors (trois armes) garçons et filles en raflant trois titres durant les deux jours de compétitions (1 et 2 novembre) devant le MC Alger qui a enlevé deux médailles d'or et trois bronze et le club féminin sportif d'Oran avec une médaille d'or et une en bronze. Sur le plan technique, plusieurs entraîneurs interrogés par l'APS ont qualifié de "moyen" le niveau de la compétition car "la majorité des clubs ne s'étaient pas bien préparés physiquement, ce qui s'est répercuté sur leur rendement". Ils ont estimé, par ailleurs, que la "période de déroulement de la coupe d'Algérie n'était pas propice car les clubs doivent être, en cette période de la saison, en pleine préparation". Organisée par la Ligue de wilaya d'escrime en collaboration avec la Fédération algérienne de ce sport, la compétition a vu la participation de 66 sportifs des deux sexes issus de 12 clubs qui se sont qualifiés après avoir passé le cap des éliminatoires wilayales qui ont eu lieu dernièrement.