Les représentants des groupes parlementaires du Conseil de la Nation ont convenu mardi, dans leurs interventions sur la loi de finances 2013, de la nécessité d'approfondir la réforme du système financier et bancaire fondé sur la rationalisation de la dépense publique et de rechercher les mécanismes susceptibles de libérer l'économie nationale de la dépendance au secteur des hydrocarbures. Le président du groupe parlementaire du parti du Front de libération nationale (FLN) M. Ahmed Hanoufa a estimé que "les réformes politiques engagées par le pays doivent être accompagnées par la réforme financière et bancaire fondée sur la rationalisation des dépenses publiques, la lutte contre la dilapidation des deniers publics et la mise en place des instruments adéquats à la création d'une économie indépendante de la rente pétrolière". Tout en saluant la poursuite de l'application du "système social solidaire" par le biais de projets visant l'amélioration des conditions de vie des citoyens, M. Hanoufa a appelé à durcir et à élargir le contrôle financier pour plus d'efficacité. Pour le représentant du groupe parlementaire FLN, la nouvelle loi de finances s'inscrit dans la ligne du programme présidentiel qui est, selon lui, "ambitieux et prospectif" mais ne dispose pas des mécanismes de financement du déficit budgétaire prévu et ne comporte pas, selon lui, de nouvelles mesures d'incitation à l'investissement étranger direct ni à l'investissement algérien à l'étranger. Afin de contribuer à la réduction du déficit, M. Hanoufa a appelé à augmenter les recettes fiscales par le renforcement des moyens de lutte contre l'évasion fiscale. De son côté, le rapporteur du groupe parlementaire du tiers présidentiel M. Abdelkrim Koreichi a relevé la nécessité pour la loi de finances de consacrer comme priorité la préparation de l'"après pétrole" par notamment l'orientation des dépenses publiques vers le renforcement des secteurs productifs. Pour cela, a-t-il estimé, il faut lutter contre la bureaucratie, concrétiser la réforme fiscale, augmenter les exportations hors hydrocarbures, poursuivre le soutien au secteur agricole, lutter contre l'économie parallèle et promouvoir le secteur touristique. M. Koreichi a mis en garde contre les conséquences néfastes des crises économiques que connaissent les grands partenaires économiques de l'Algérie, précisant que la sortie de la dépendance pétrolière peut sécuriser l'économie nationale contre ces risques. La loi de finances, qui intervient dans une conjoncture économique internationale "spéciale et instable", a estimé M. Koreichi, doit s'appuyer sur la diversification des devises plutôt que sur l'Euro et le dollar pour éviter les "soubresauts qui pourraient l'atteindre". Le président du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND) M. Bellabas Bellabas a axé son intervention sur la dimension locale de la gestion financière, appelant à une distribution équilibrée des programmes de développement régionaux et à associer les assemblées locales à la gestion des projets, d'où la nécessité, selon l'intervenant, d'élargir les prérogatives des élus locaux. M. Bellabas appelé également à une réforme de la fiscalité locale qui accuse actuellement, selon lui, un déficit dans les budgets de plus de 1250 communes, ce qui impose d'opter pour la distribution équitable de la richesse nationale à travers les régions. Il a estimé que la loi de finances devrait reposer sur trois axes, a savoir la justice, la lutte contre le gaspillage et le contrôle efficace. Il a mis en relief la nécessité d'éviter les dépenses "inutiles", de faire preuve de bonne "gouvernance" des projets du secteur public qui accusent une grand retard nécessitant une réévaluation des budgets en raison d'une mauvaise conception préalable des études y afférente, proposant une amélioration de la performance de l'administration, une réforme de la loi sur les marchés publics et la rigueur dans le contrôle.