Les djedars de Frenda, treize pyramides funéraires réparties en deux groupes dans les plaines de Médroussa, commune de la wilaya de Tiaret, ont été revisités mardi lors d'une conférence donnée à Alger par l'historien et archéologue français Jean-Pierre Laporte. Ces monuments construits entre le 5ème et le 7ème siècles, inscrits dans une tradition architecturale millénaire dont trois, assez bien conservés, se situent sur le Djebel Lakhdar, et dix autres sur le Djebel Araoui dans le plateau de Ternaten, ont été décortiqués par l'archéologue, invité du Centre d'étude diocésain ‘‘Les glycines'‘. D'emblée, M. Laporte a précisé que d'après les collectes de données et les analyses qu'il a entreprises depuis les années 1970 sur les djedars, les plans de constructions de ces monuments funéraires ‘‘n'avaient rien de romain'‘ et ‘‘reflétaient une tradition de construction libyque très proche de celle des monuments sahariens'‘. Il a tenu à préciser que le ‘‘type djedar'‘ représentait une unité locale particulière et propre à la région de Frenda (sud-ouest algérien), inexistante dans les autres régions du Maghreb tout en plaidant pour davantage de recherches archéologiques ‘‘plus précises'‘ sur les composantes des djedars : chambres, passages, matériaux de construction, décorations, etc. Rappelant que les djedars seraient attribués à une dynastie de rois maures d'abord païens puis chrétiens qui a régné jusqu'à l'arrivée de l'Islam au début du 7ème siècle, l'orateur qui a participé en 1970 à la dernière campagne de travaux sur ces monuments avec l'archéologue Fatima Kadra, a appelé les jeunes archéologues à travailler en profondeur pour tirer des renseignements supplémentaires et contribuer à l'écriture de l'histoire. A ce propos, M. Laporte, coopérant de 1969 à 1971 à la direction des Antiquités de l'Algérie, chargé d'un inventaire archéologique de la Kabylie de Tizi-Ouzou, n'a pas caché son soulagement au fait que les djedars soient encore visibles, même si certains se sont détériorés, pour dire que la recherche doit continuer afin de pouvoir répondre aux multiples questions autour de ces monuments ‘‘impressionnants'‘ qui restent aujourd'hui sans réponse. Par ailleurs, l'archéologue qui continue à réfléchir sur ces monuments qui, a-t-il dit, mériteraient d'être classés au Patrimoine mondial, a rendu un hommage à son homologue algérienne Fatima Kadra, auteure d'un ouvrage édité à l'Office des publications universitaires (Opu), intitulé ‘‘Les djedars. Monuments funéraires berbères de la région de Frenda'‘. Archéologue et historien, Jean-Pierre Laporte se consacre particulièrement à l'histoire et à l'archéologie de l'Afrique du Nord en réalisant des synthèses à partir de l'expérience acquise en Kabylie, de publications anciennes et d'archives, en utilisant aussi des vues satellitaires. Il participe depuis 2010 au comité de rédaction de l'Encyclopédie berbère.