La Banque mondiale a mis en garde vendredi contre tout relâchement des efforts engagés contre la flambée des prix alimentaires, soulignant que le monde ne peut accepter que des prix alimentaires élevés soient la "nouvelle norme" quand des millions d'êtres humains continuent de souffrir de la faim. "La tendance à des prix alimentaires élevés semble faire figure de nouvelle normalité", a observé Otaviano Canuto, vice-président de la BM pour la lutte contre la pauvreté. Dans ce sens, il a soutenu que le monde ne peut accepter une telle situation alors que des centaines de millions de personnes souffrent toujours de la faim et que des millions d'enfants meurent chaque jour de maladies provoquées par la malnutrition. Selon la dernière édition du rapport trimestriel Food Price Watch de la BM, les prix alimentaires mondiaux se sont stabilisés après le record de juillet dernier. Par rapport à ce pic, ils affichaient au mois d'octobre un niveau inférieur de 5%. La plus forte baisse concerne les huiles alimentaires, alors que les cours des céréales ont faiblement fléchi. L'augmentation saisonnière de l'offre, l'absence de réactions de panique telle l'imposition de restrictions aux exportations, et des prévisions plus optimistes pour l'avenir expliquent l'évolution observée, même si les marchés restent globalement tendus, note cette institution mondiale. Néanmoins, elle constate que les prix alimentaires n'en sont pas moins soutenus, supérieurs de 7 % à leur niveau d'octobre 2011, précisant que les cours des céréales ont été supérieurs de 12% dont notamment le maïs qui a augmenté de 17% par rapport à octobre 2011 et dépassé de 10% le pic de février 2011. "Même si l'on ne peut parler de nouvelle crise alimentaire, comme en 2008, la sécurité alimentaire doit figurer en tête de nos priorités", insiste M. Canuto. "Nous devons redoubler d'efforts pour renforcer les programmes de nutrition, les filets de protection sociale et l'agriculture durable, dès lors que des actions adaptées peuvent entraîner des progrès remarquables", a-t-il encore affirmé. Actuellement, 870 millions de personnes vivent en situation de malnutrition chronique. S'il est stable depuis 2007-2009, ce chiffre est sans commune mesure avec le recul indispensable pour pouvoir atteindre l'objectif du Millénaire pour le développement (OMD) visant à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici 2015, prévient la BM. Sans compter que la malnutrition infantile représente plus d'un tiers de la charge de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans et que la malnutrition des femmes enceintes explique plus de 20 % des décès maternels. Selon le rapport Food Price Watch, les conditions météorologiques seront déterminantes dans l'évolution à court terme des prix alimentaires, aux côtés d'autres facteurs tels les prix du pétrole et l'émergence d'une concurrence aux exportations, pour lesquels les tendances sont encore difficiles à cerner. Pour l'exercice 2012, les nouveaux engagements de la BM en faveur de l'agriculture et des secteurs connexes ont dépassé 9 milliards de dollars. Ce montant est supérieur aux engagements prévus dans le Plan d'action de la Banque pour l'agriculture, qui envisageait de porter l'effort de prêt de 4,1 milliards de dollars en moyenne annuelle pour la période des exercices 2006-2008 à un niveau de 6,2 à 8,3 milliards de dollars par an pour les exercices 2010-2012.