Le doyen du Centre des études et recherches de l'Université arabe "Nayef" des sciences de sécurité, Ahcène Moubarek, Taleb a déclaré lundi à Alger que le taux de récidive dans les pays arabes avait atteint près de 80%, et mis en relief l'importance de l'application de la peine alternative à la prison dans les pays arabes. Dans un entretien à l'APS en marge d'une conférence scientifique consacrée au thème relatif aux "alternatives aux peines privatives de liberté", M. Moubarek a souligné que les pays arabes "doivent changer leurs politiques pénales" et adopter un système de réforme profonde pour enrayer la récidive qui a atteint un taux très élevé "que les statistiques officielles erronées ne révèlent pas". Pour faire face à cette situation, l'expert a proposé un système de peines alternatives à la peine de prison "car l'idée qui considère que la prison reste la solution magique pour la rééducation d'un criminel est absolument fausse, surtout en l'absence de programmes de mise à niveau", a-t-il affirmé. L'expert a mis en garde contre les récidivistes qui commettent plus de crimes une fois sortis de la prison après avoir fréquenté des criminels et nourris de "sentiments de haine" une fois libres. Tout en avouant que la peine alternative à la prison "n'est pas compatible avec tous les crimes" M. Moubarek a indiqué que cette peine peut être appliquée dans beaucoup de cas et selon les conditions de chaque Etat. L'application de la peine alternative à la prison est beaucoup plus bénéfique à la femme dans le monde arabe, car la peine de prison qui est synonyme de "honte" la poursuivra durant toute sa vie et hypothèque son avenir si elle est jeune, et influera sur les enfants si la condamnée est mariée. L'expert a ajouté que le système des peines alternatives introduit au début du siècle dernier aux Etats-Unis d'Amérique et mis en œuvre en Europe vers la fin de ce même siècle, peine à être appliqué "car ayant besoin d'une bonne préparation juridique, humaine et matérielle". A ce propos, M. Moubarek a appelé les Etats arabes "à s‘inspirer de l'exemple de l'Algérie, premier pays arabe à appliquer avec succès ce système en un laps de temps court", a-t-il affirmé. Pour rappel, l'Algérie a introduit le système de peine d'intérêt général dans le code pénal amendé en février 2009 et entré en vigueur immédiatement. La peine alternative consiste à proposer un travail d'intérêt général au lieu de l'emprisonnement pour les condamnés à une peine d'une année ou moins pour des délits fixés par la loi et qualifiés de non graves. Le travail d'intérêt général est fixé à deux heures contre une journée d'emprisonnement sans être imposé au condamné mais avec son approbation. La conférence scientifique de trois jours, est organisée par la direction de l'Administration pénitentiaire et de réinsertion sociale des détenus en coopération avec l'université arabe Nayef des sciences de sécurité. Prennent part à la rencontre des magistrats, des enseignants et experts d'Algérie et plusieurs autres pays dont l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, le Djibouti, le Yémen, le Sultanat d'Oman, le Liban, le Soudan, la Jordanie et le Maroc.