L'ancien résistant Michel Slitinsky, décédé samedi dernier à l'âge de 87 ans, "mérite d'être retenu" par la mémoire des Algériens, en ce sens qu'il est à l'origine des révélations lors du procès Maurice Papon ayant permis la connaissance, pour la première fois, des massacres du 17 octobre 1961 à Paris, a indiqué mardi à l'APS l'historien Jean-Luc Einaudi. Rescapé des rafles organisées par Maurice Papon contre les Juifs, entre 1942 et 1944, dans la région de Bordeaux, il était d'abord à l'origine des révélations sur les crimes du haut fonctionnaire et, grâce à sa persévérance, du procès qui s'était finalement ouvert en 1997. "Mais Michel Slitinsky a toujours voulu que soit également connus les crimes commis sous la responsabilité de Maurice Papon contre les Algériens, en particulier le 17 octobre 1961. Il m'avait apporté son aide lorsque je préparais mon livre La bataille de Paris et, en octobre 1991, il était venu à Paris lors d'un important meeting à la Sorbonne pour commémorer les trente ans de ce massacre et nous avions pris la parole ensemble", a témoigné l'historien. Il se rappelle qu'en 1997, quelque temps avant l'ouverture du procès de Maurice Papon, Slitinsky lui a demandé de venir témoigner devant la Cour d'assises de la Gironde sur ce que l'historien savait de l'action de l'ancien préfet de police. "C'est ainsi que, pour la première fois, l'opinion publique française, mais aussi internationale, entendit largement parler du 17 octobre 1961. Juste après mon témoignage, nous nous étions donné l'accolade. Il a ainsi contribué à ce que soit connu ce crime que les responsables de l'Etat français avaient voulu dissimuler", a indiqué M. Einaudi. En 1999, l'historien avait lui-même remporté le procès en diffamation que lui avait intenté le préfet de sinistre mémoire dont les massacres qui ont fait des centaines de victimes algériennes répondaient à ses ordres. 51 ans après, ces massacres sont reconnus pour la première fois par la France. A la date commémorative de ces tragiques évènements, le 17 octobre dernier, le président François Hollande affirmait que la "République reconnait avec lucidité" les massacres d'Algériens le 17 octobre 1961, rendant hommage à la mémoire des victimes de la "sanglante répression policière".