Le cinéma engagé, qui peine encore à trouver des sources de financements, se caractérise, aujourd'hui, par une production amateur intense grâce à la révolution technologique qui "a chamboulé les standards de conception, d'économie du film et de contenu", estime le cinéaste Costa Gavras, présent à Alger au 2ème Festival international du cinéma d'Alger (FICA) qui rend hommage à l'auteur de "Z". Le cinéaste franco-grec explique, dans un entretien jeudi à l'APS, que la révolution technologique, aujourd'hui vulgarisée et accessible, doit "servir les causes à travers la réalisation de documentaires ou d'œuvres, même amateurs, à la portée de tout le monde", grâce au coût maîtrisé de ces moyens nouveaux. En évoquant l'exemple de la production de documentaires et de fictions en Tunisie, en Egypte et en Syrie, le cinéaste explique, par ailleurs, que cette nouvelle forme cinématographique permet de "témoigner de l'actualité en temps réel", n'ayant pas besoin du recul que nécessitent les grandes productions. Contrairement aux films amateurs, estime Costa Gavras, le cinéma engagé ne doit pas obligatoirement coller à l'actualité mais plutôt l'analyser et la synthétiser, argumente le réalisateur qui illustre ces propos en prenant l'exemple son dernier film "Le capital" qui, pour lui, relève d'un "problème permanent" et dont le traitement par le cinéma est valable à tout moment. Dans ce sens, le cinéaste estime que tout cinéma "est quelque part engagé tant qu'il parle de la société", alors que l'engagement du cinéaste est aussi un "engagement d'honnêteté et d'éthique" face au public auquel ce cinéaste offre un point de vue personnel. Répondant à une question sur les sources de financement, talon d'Achille du cinéma engagé, Costa Gavras évoque son expérience avec l'industrie cinématographique française qui compte beaucoup sur le financement public en estimant que ces ressources permettent aux cinéastes "une plus grande liberté de ton". Aussi, le cinéaste considère-t-il essentiel la participation financière de l'Etat à "la création d'un cinéma national par une volonté politique qui encourage un cinéma pluriel et diversifié". Cependant, le cinéaste n'exclut pas les financements privés ou d'Organisations non gouvernementales (ONG) en saluant la récente création du Fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel (FPCA) en marge des Journées cinématographiques de Carthage. Face au cinéma commercial et à l'obligation de rentabilité, le cinéma engagé peine à trouver les sources de financements et à s'offrir une visibilité acceptable face à la main-mise du cinéma commercial américain sur les réseaux de salles de projection en Europe. Du fait de ce monopole, il est aujourd'hui très peu probable qu'un film engagé puisse susciter autant d'intérêt que le film "Z" qui avait provoqué un mouvement de protestation dans l'île de la Réunion, réclamant sa diffusion. Au sujet de ses projets cinématographiques, Costa Gavras confie être sur plusieurs projets dans différents pays et qu'un autre film en Algérie reste "toujours un rêve" pour lui, dans un pays (l'Algérie) "en perpétuelle évolution". Après "Z" tourné à Alger, ce réalisateur de talent dit être à la recherche d'une "histoire touchante et personnelle" pour un autre film en Algérie, tout en évoquant un projet de coproduction en cours avec l'Algérien Salem Brahimi. Costa Gavras a eu déjà à collaborer, en tant que producteur, avec des cinéastes algériens comme Mehdi Charef, réalisateur de "Le thé au harem d'Archimède" (1984) et de "Cartouches gauloises" (2006). Le dernier film de Costa Gavras, "Le capital", sera projeté jeudi soir pour la première fois en Algérie en clôture du deuxième FICA dédié au film engagé.