Une éventuelle intervention militaire au Mali se traduirait notamment par le déplacement de 700.000 personnes, des attaques terroristes dans les pays de la CEDEAO qui enverraient des troupes, et une prolifération des milices, a prévenu une agence de presse de l'ONU. Le déplacement de 700.000 personnes inclut environ 300.000 déplacés internes (contre 199.000 actuellement) et 407.000 réfugiés (contre 157.000 aujourd'hui), dont une majorité se dirige vers les pays voisins, indique l'agence d'information IRIN, qui dépend du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Depuis quelques mois, les acteurs de l'aide humanitaire s'appuient sur des modèles de risques et de menaces, ainsi que des scénarios de catastrophes probables pour planifier leur réponse. "Il est quasiment impossible de prédire ce qui va se passer, et où et quand cela va se passer, alors que les scénarios sont nombreux", selon Philippe Conraud, coordonnateur régional des opérations humanitaires d'Oxfam en Afrique de l'Ouest, qui opère au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso. Les équipes humanitaires de plusieurs pays, qui incluent des agences des Nations unies et des partenaires, comme les organisations non gouvernementales (ONG) et l'Organisation internationale des migrations (OIM), ont élaboré un document présentant quatre scénarios potentiels, allant d'une dégradation progressive de la situation dans le nord et dans le sud du Mali sans intervention militaire à une intervention armée soutenue par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), indique IRIN. Outre les morts et les blessés, "les conséquences humanitaires d'une intervention militaire sont les déplacements de masse, les violences ethniques et la réactivation éventuelle de cellules terroristes dormantes dans le sud du Mali et dans la région", poursuit-elle. Les autres conséquences d'une intervention militaire sont "la destruction des infrastructures et la réduction des services de base dans le sud et dans le nord du Mali, l'instabilité des prix sur les marchés, l'accroissement des taux d'insécurité alimentaire et de malnutrition", précise cette agence qui relève le doublement des taux de malnutrition dans certaines zones du nord du Mali en 2012. Déjà que 18 millions des populations du Sahel ont été touchés par l'insécurité alimentaire en 2012 et des millions de personnes seront toujours vulnérables en 2013, indiquent des experts de l'aide humanitaire. Un appel de fonds d'un montant de 1,6 milliard de dollars a été lancé mardi dernier afin de répondre aux besoins humanitaires dans le Sahel en 2013. Plus grave encore, souligne-t-elle, "une intervention militaire pourrait également entraîner une restriction de l'accès humanitaire, des manifestations hostiles à la CEDEAO, des attaques terroristes dans les pays de la CEDEAO qui enverraient des troupes au Mali, une montée de l'hostilité à l'égard des agences des Nations unies en fonction du rôle joué par l'organisation dans l'intervention militaire, une prolifération des milices et des groupes de défense dans le sud du Mali et la quasi-cessation des activités de développement". L'intervention militaire, ajoute-t-elle encore, "pourrait également entraîner une augmentation des violations des droits de l'homme, alors que les enfants seraient notamment particulièrement exposés au risque de recrutement et de séparation de leur famille".