Le retour des civils au pouvoir est en marche. Un gouvernement aux «pleins pouvoirs» pourra-t-il résoudre la crise qui secoue le pays ? L'intervention étrangère est demandée par les Maliens qui estiment que leur armée n'a ni les moyens, ni les dispositions pour «chasser» les rebelles des territoires qu'ils ont conquis. Le retour des civils au pouvoir est en marche. Un gouvernement aux «pleins pouvoirs» pourra-t-il résoudre la crise qui secoue le pays ? L'intervention étrangère est demandée par les Maliens qui estiment que leur armée n'a ni les moyens, ni les dispositions pour «chasser» les rebelles des territoires qu'ils ont conquis. La transition au Mali est sur rail Prévue pour aujourd'hui, l'intronisation du président de l'Assemblée nationale marque le coup d'envoi de la transition, conformément à l'accord-cadre signé entre le Comité national de redressement et de la restauration de l'Etat et la Cédéao). A l'issue de la signature de cet accord, le chef de la junte militaire, Amadou Haya Sanogo, s'est engagé, lundi dernier, à le respecter dans son intégralité. Le plus dur restera à faire : depuis le putsch, le nord du pays est passé sous le contrôle des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), de groupes islamistes armés, Ançar Eddine en particulier. Comment faire pour recoller les morceaux d'un pays divisé en deux ? Le chef de l'Etat intérimaire du Mali, le président de l'Assemblée, Dioncounda Traoré, s'activait hier, à la veille de son investiture, pour préparer la transition dont la première mission sera de résoudre la crise au Nord, désormais sous la loi de groupes armés. Il poursuivait ses consultations en vue de la nomination d'un Premier ministre de transition qui sera investi des "pleins pouvoirs" et dont l'identité n'est pas encore connue. Il semble que l'on se dirige vers un gouvernement d' "union nationale" qui pourrait compter une vingtaine de membres. De source proche de la médiation conduite par le Burkina Faso au nom de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), des militaires pourraient en être, éventuellement chargés de la sécurité ou de la défense. Le chef de l'Etat par intérim est assuré de l'appui de l'Union Européenne. L'Union européenne a accueilli favorablement l'accord obtenu, vendredi, par la médiation du Burkina Faso au nom de la Cédéao, pour reconstituer un gouvernement légitime et constitutionnel. Les Maliens menacent de «prendre les choses en main» L'UE approuve pleinement les efforts de la Cédéao et demeure en contact étroit pour déterminer la façon de soutenir la transition politique. Elle souligne qu'elle est très préoccupée par la situation humanitaire, et en particulier pour les personnes au Nord qui sont forcées de se déplacer en cette période où il y a déjà une pénurie alimentaire sérieuse. "Nous continuerons à fournir l'appui humanitaire partout où il est possible de le faire", assure l'Union européenne qui réitère son soutien à l'intégrité nationale du Mali et aux instances légitimes, à la Cédéao et aux pays de la région dans leurs efforts de reconstituer le pouvoir légitime dans le Nord. L'UE indique qu'elle est en discussion avec la Cédéao concernant leur proposition de mettre en place une force collective pour soutenir le gouvernement du Mali. L'UE rappelle "que dans le cadre de la Politique étrangère et de sécurité commune, il est déjà prévu une mission civile dans la région, et nous sommes en train d'étudier quel autre appui peut être envisagé". Pour rappel, les quinze pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se préparent à mettre sur pied une force d'intervention de 3.000 hommes chargée d'empêcher une nouvelle progression des insurgés plutôt que de reprendre le terrain perdu. La France, ancienne puissance coloniale, a offert un appui logistique mais a exclu l'envoi de troupes sur le terrain. Au nouvel homme fort se pose la question de la récupération du territoire malien contrôlé par les Touaregs, aidés par les mouvements islamistes d'Ançar Eddine, faisant partie d'Al Qaïda et un autre groupe, le Mujao, qui sont devenus une force par rapport à l'armée malienne. Le langage des armes pourrait parler. Le dialogue est devenu par la force des choses «impossible» entre les divers protagonistes. Deux mille personnes ont défilé mardi à Bamako, la capitale du Mali, pour réclamer une intervention internationale contre les rebelles touareg et islamistes qui ont pris le contrôle du nord du pays. "Nous demandons à la communauté internationale de remplir son devoir et de défendre l'intégrité du territoire malien", a déclaré Mahamadou Dioura, l'un des organisateurs de la manifestation de Bamako. "Quand les villes de Kidal, Tombouctou et Gao ont été prises par les rebelles, ceux-ci ont pratiquement tout détruit - les hôpitaux, les dispensaires, le système de distribution d'eau", a-t-il ajouté. Les destructions et les pillages qui ont accompagné l'avancée des rebelles dans le Nord sont venus ajouter aux épreuves de la population de ces zones désertiques. Plus de 200.000 habitants, déjà confrontés à une grave sécheresse, ont fui devant les rebelles et sont désormais menacés par la faim et la maladie. Des témoignages ont fait état ces derniers jours d'un terrible désordre dans les régions conquises par la rébellion. On parle de victimes d'accidents de la route qui meurent faute d'être secourues, de femmes qui succombent lors d'accouchements par manque de soins. "Il y a déjà eu trop de négociations", a déclaré dans le cortège Homeny Belco Maiga, qui préside l'assemblée régionale de Kidal. "Si ça continue comme ça, nous prendrons les choses en main. Ce que je veux dire, c'est que la population se révoltera." Des centaines de jeunes de Bamako veulent former des milices pour aller combattre les Touaregs et leurs alliés. 200.000 personnes déplacées Mardi, trois agences de l'ONU : l'OMS, le HCR et l'Unicef ont appelé la communauté internationale à aider les populations du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, où 15 millions de personnes souffrent de la sécheresse et de malnutrition dans «l'indifférence générale». «Des familles sont en péril, des enfants vont peut-être mourir, et nous demandons que l'on mette un terme à cette indifférence générale», a déclaré à Genève, lors d'une conférence de presse commune, Anthony Lake, directeur exécutif de l'Unicef. Selon lui, il y a une «certaine lassitude dans l'opinion publique à propos du Sahel, une fois de plus, on assiste à une famine, une fois de plus les enfants africains meurent, et les gens sont fatigués d'entendre cela». De son côté, Antonio Guterres, Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a indiqué que la situation au Mali était particulièrement inquiétante, car en plus «de la sécheresse et de l'insécurité alimentaire, il y a un conflit politique» «La crise au Mali a eu pour conséquence une situation humanitaire dramatique», avec «plus de 200. 000 personnes déplacées», a-t-il noté, en relevant la solidarité des pays frontaliers, qui ont laissé leurs frontières ouvertes pour accueillir les réfugiés maliens. "Cette région ne suscite que peu d'intérêt de la part des médias" , qui sont "concentrés sur la Syrie" , a-t-il ajouté. La transition au Mali est sur rail Prévue pour aujourd'hui, l'intronisation du président de l'Assemblée nationale marque le coup d'envoi de la transition, conformément à l'accord-cadre signé entre le Comité national de redressement et de la restauration de l'Etat et la Cédéao). A l'issue de la signature de cet accord, le chef de la junte militaire, Amadou Haya Sanogo, s'est engagé, lundi dernier, à le respecter dans son intégralité. Le plus dur restera à faire : depuis le putsch, le nord du pays est passé sous le contrôle des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), de groupes islamistes armés, Ançar Eddine en particulier. Comment faire pour recoller les morceaux d'un pays divisé en deux ? Le chef de l'Etat intérimaire du Mali, le président de l'Assemblée, Dioncounda Traoré, s'activait hier, à la veille de son investiture, pour préparer la transition dont la première mission sera de résoudre la crise au Nord, désormais sous la loi de groupes armés. Il poursuivait ses consultations en vue de la nomination d'un Premier ministre de transition qui sera investi des "pleins pouvoirs" et dont l'identité n'est pas encore connue. Il semble que l'on se dirige vers un gouvernement d' "union nationale" qui pourrait compter une vingtaine de membres. De source proche de la médiation conduite par le Burkina Faso au nom de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), des militaires pourraient en être, éventuellement chargés de la sécurité ou de la défense. Le chef de l'Etat par intérim est assuré de l'appui de l'Union Européenne. L'Union européenne a accueilli favorablement l'accord obtenu, vendredi, par la médiation du Burkina Faso au nom de la Cédéao, pour reconstituer un gouvernement légitime et constitutionnel. Les Maliens menacent de «prendre les choses en main» L'UE approuve pleinement les efforts de la Cédéao et demeure en contact étroit pour déterminer la façon de soutenir la transition politique. Elle souligne qu'elle est très préoccupée par la situation humanitaire, et en particulier pour les personnes au Nord qui sont forcées de se déplacer en cette période où il y a déjà une pénurie alimentaire sérieuse. "Nous continuerons à fournir l'appui humanitaire partout où il est possible de le faire", assure l'Union européenne qui réitère son soutien à l'intégrité nationale du Mali et aux instances légitimes, à la Cédéao et aux pays de la région dans leurs efforts de reconstituer le pouvoir légitime dans le Nord. L'UE indique qu'elle est en discussion avec la Cédéao concernant leur proposition de mettre en place une force collective pour soutenir le gouvernement du Mali. L'UE rappelle "que dans le cadre de la Politique étrangère et de sécurité commune, il est déjà prévu une mission civile dans la région, et nous sommes en train d'étudier quel autre appui peut être envisagé". Pour rappel, les quinze pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se préparent à mettre sur pied une force d'intervention de 3.000 hommes chargée d'empêcher une nouvelle progression des insurgés plutôt que de reprendre le terrain perdu. La France, ancienne puissance coloniale, a offert un appui logistique mais a exclu l'envoi de troupes sur le terrain. Au nouvel homme fort se pose la question de la récupération du territoire malien contrôlé par les Touaregs, aidés par les mouvements islamistes d'Ançar Eddine, faisant partie d'Al Qaïda et un autre groupe, le Mujao, qui sont devenus une force par rapport à l'armée malienne. Le langage des armes pourrait parler. Le dialogue est devenu par la force des choses «impossible» entre les divers protagonistes. Deux mille personnes ont défilé mardi à Bamako, la capitale du Mali, pour réclamer une intervention internationale contre les rebelles touareg et islamistes qui ont pris le contrôle du nord du pays. "Nous demandons à la communauté internationale de remplir son devoir et de défendre l'intégrité du territoire malien", a déclaré Mahamadou Dioura, l'un des organisateurs de la manifestation de Bamako. "Quand les villes de Kidal, Tombouctou et Gao ont été prises par les rebelles, ceux-ci ont pratiquement tout détruit - les hôpitaux, les dispensaires, le système de distribution d'eau", a-t-il ajouté. Les destructions et les pillages qui ont accompagné l'avancée des rebelles dans le Nord sont venus ajouter aux épreuves de la population de ces zones désertiques. Plus de 200.000 habitants, déjà confrontés à une grave sécheresse, ont fui devant les rebelles et sont désormais menacés par la faim et la maladie. Des témoignages ont fait état ces derniers jours d'un terrible désordre dans les régions conquises par la rébellion. On parle de victimes d'accidents de la route qui meurent faute d'être secourues, de femmes qui succombent lors d'accouchements par manque de soins. "Il y a déjà eu trop de négociations", a déclaré dans le cortège Homeny Belco Maiga, qui préside l'assemblée régionale de Kidal. "Si ça continue comme ça, nous prendrons les choses en main. Ce que je veux dire, c'est que la population se révoltera." Des centaines de jeunes de Bamako veulent former des milices pour aller combattre les Touaregs et leurs alliés. 200.000 personnes déplacées Mardi, trois agences de l'ONU : l'OMS, le HCR et l'Unicef ont appelé la communauté internationale à aider les populations du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, où 15 millions de personnes souffrent de la sécheresse et de malnutrition dans «l'indifférence générale». «Des familles sont en péril, des enfants vont peut-être mourir, et nous demandons que l'on mette un terme à cette indifférence générale», a déclaré à Genève, lors d'une conférence de presse commune, Anthony Lake, directeur exécutif de l'Unicef. Selon lui, il y a une «certaine lassitude dans l'opinion publique à propos du Sahel, une fois de plus, on assiste à une famine, une fois de plus les enfants africains meurent, et les gens sont fatigués d'entendre cela». De son côté, Antonio Guterres, Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a indiqué que la situation au Mali était particulièrement inquiétante, car en plus «de la sécheresse et de l'insécurité alimentaire, il y a un conflit politique» «La crise au Mali a eu pour conséquence une situation humanitaire dramatique», avec «plus de 200. 000 personnes déplacées», a-t-il noté, en relevant la solidarité des pays frontaliers, qui ont laissé leurs frontières ouvertes pour accueillir les réfugiés maliens. "Cette région ne suscite que peu d'intérêt de la part des médias" , qui sont "concentrés sur la Syrie" , a-t-il ajouté.