Des délégations centrafricaines du pouvoir et des rebelles centrafricains doivent se réunir mardi à Libreville (Gabon) pour tenter de trouver une solution à la crise actuelle en Centrafrique dont une bonne partie du territoire est sous contrôle des forces rebelles qui s'approchent davantage de Bangui. Ces négociations sont considérées comme un moyen d'éviter le renversement par la force du président centrafricain François Bozizé qui est acculé par la coalition rebelle qui lui demande de quitter la présidence, l'accusant de ne pas avoir honoré les accords de paix signés en 2008. Le président Bozizé qui doit se rendre à Libreville cette semaine ne fait pas partie de la délégation du pouvoir. Il y aura en tout trois délégations de 15 membres entre représentants du pouvoir, des rebelles et de l'opposition, soit 45 personnes au total, selon le ministre de l'Administration territoriale centrafricain, Josué Binoua. La délégation du "Séléka" conduite par Michel Djotodia se trouvait depuis lundi soir à Libreville. Les autres délégations devaient arriver en milieu de matinée, leur départ dans la capitale gabonaise ayant été retardé en raison d'intempéries. Le porte-parole de la rébellion, Eric Massi, a selon des médias regretté que la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) ait fixé une date aux pourparlers, mardi, sans que sa délégation ne sache de quoi elle va discuter. "Nous devons fixer les points à discuter : un, le départ de François Bozizé (président), et deux, la solution politique à mettre en oeuvre ensuite", a-t-il dit, réclamant "un peu de temps pour préparer la réunion", avait-il dit. Le chef de la délégation du pouvoir, Jean Willybero-Sako, avait quant à lui affirmé la veille de la réunion que les concessions du président Bozizé (qui a proposé un gouvernement d'union nationale et assuré qu'il ne se représenterait pas), "avaient débloqué beaucoup de choses". "Cela a montré une certaine volonté d'aller de l'avant, de tenir compte des préoccupations des uns et des autres", avait-il déclaré . Quand à l'exigence des rebelles que le président Bozizé quitte le pouvoir, il avait mis en avant l'importance de respecter la Constitution. Le chef de délégation de l'opposition, Me Nicolas Tiangaye, n'a pas dévoilé l'argumentaire de l'opposition pour les négociations, soulignant "nous ne pouvons pas nous limiter uniquement au programme DDR" (désarmement, démobilisation réinsertion des combattants - programme décidé par des accords de paix en 2008 mais jamais vraiment appliqué). "L'évolution de la situation actuelle fait que nous serons appelés à discuter d'autres questions qui concernent les institutions", a-t-il ajouté. C'est la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) et le comité de suivi de l'accord de paix intercentrafricain de 2008, présidé par le chef de l'Etat congolais Denis Sassou Nguesso, qui assureront la coordination entre les différents groupes. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait demandé au gouvernement centrafricain et aux rebelles de négocier "de bonne foi" et sans conditions préalables lors des pourparlers de Libreville. A la veille des pourparlers de Libreville, le président Bozizé a rencontré à Brazzaville son homologue congolais Denis Sassou Nguesso, qui doit assurer une médiation à Libreville entre le gouvernement centrafricain et la coalition rebelle du Séléka qui a pris les armes le 10 décembre dernier et contrôle désormais la majeure partie du pays. Le ministre centrafricain de l'Administration territoriale Josué Binoua avait dores et déjà indiqué que les rebelles du Séléka étaient à 12 km de Damara, ville située à 75 km au nord de Bangui, considérée comme le dernier verrou protégeant la capitale, et où est stationnée la force d'interposition d'Afrique centrale (Fomac), dont les effectifs composés en gros de troupes tchadiennes, sont d'environ 760 hommes. Le commandant de la Fomac, le général Jean-Félix Akaga, avait averti la rébellion que Damara était "la ligne rouge à ne pas franchir". "Nous ne cèderons pas Damara, que ce soit clair. Si les rebelles attaquent Damara, c'est une déclaration de guerre, cela veut dire qu'ils ont pris la résolution d'engager les 10 Etats d'Afrique centrale", avait-il indiqué. Le développement de la situation a poussé le président centrafricain Bozizé à nommer le général Jules Bernard Ouandé au poste de chef d'Etat major des forces armées, en remplacement du général Guillaume Lapo, limogé mercredi dernier en même temps que le ministre délégué à la défense, Jean Francis Bozizé. Le général Ouandé est chargé notamment de redresser et de réorganiser l'armée centrafricaine que le chef de l'Etat considère comme "désordonnée et indisciplinée" à cause de l'occupation facile d'une partie importante du pays par les rebelles du "Séléka" qui ont lancé des offensives depuis le 10 décembre 2012. Sur le terrain, 400 soldats sud-africains devraient arriver en République centrafricaine pour aider l'armée centrafricaine à augmenter sa capacité, à préparer et à mettre en oeuvre le processus de désarmement, démobilisation et réintégration, selon la présidence sud-africaine. La République centrafricaine est en proie à un conflit armé depuis décembre dernier lorsque la coalition de groupes rebelles connue sous le nom de Seleka, a lancé une offensive contre les autorités dans plusieurs villes du pays et se rapproche de la capitale Bangui.