Après près d'un mois de crise en Centrafrique, la rébellion du Séléka, qui contrôle une large partie du pays, a accepté de participer à des pourparlers de paix avec le pouvoir en place en maintenant sa principale revendication à savoir le départ du président François Bozizé. La date du 8 janvier a été avancée pour les pourparlers de paix qui auront lieu, selon une source diplomatique, à Libreville (Gabon), sous l'égide du président congolais Denis Sassou Nguesso. "Normalement, ces négociations doivent avoir lieu le 8 janvier à Libreville. Il semblerait que la date du 8 janvier soit confirmée", a indiqué cette source. Le président Sassou Nguesso dirigera ces pourparlers en qualité de président du comité de suivi chargé de faciliter le dialogue entre les parties en conflit en République centrafricaine, d'après la même source. Confrontée à la force africaine déterminée à les empêcher de marcher sur Bangui, la rébellion du Séléka a annoncé mercredi la suspension de sa progression et accepté des pourparlers de paix avec le gouvernement centrafricain. "Je confirme que nous avons décidé de suspendre l'offensive en direction de Bangui et nous allons envoyer une délégation au Gabon en vue de participer aux pourparlers de paix", a déclaré, Eric Massi, porte-parole de la coalition rebelle du Séléka. Après avoir pris le contrôle de plusieurs villes du nord et du centre du pays depuis le 10 décembre, la rébellion du Séléka campe actuellement à Sibut, à 160 kilomètres au nord de la capitale centrafricaine. Dans sa ligne de mire se trouve la ville de Damara, dernier verrou à 75 km de Bangui, où est positionnée la Force multinationale d'Afrique centrale (Fomac). Celle-ci a mis en garde mercredi la rébellion que toute tentative de marcher sur Bangui serait considérée comme "une déclaration de guerre". En dépit de l'annonce de sa disposition à dialoguer avec le gouvernement, le Sékéka insiste sur le départ du pouvoir du président Bozizé, qui dirige le pays depuis 2003. "Le départ du président Bozizé reste toujours pour nous une exigence parce que nous mettons en doute sa sincérité", a déclaré le porte-parole du Séléka qui réclame aussi le respect de plusieurs accords de paix signés entre le gouvernement et des rébellions. Du côté du pouvoir, le président Bozizé qui s'était déjà déclaré mardi prêt à un dialogue "sans condition" en vue de la formation d'un gouvernement d'''union nationale" avec une participation du Séléka, a limogé son propre fils de ses fonctions de ministre délégué à la Défense. Les services de la président ont indiqué mercredi que le chef de l'Etat, lui même, "prend en main" ce portefeuille. Dans son discours de voeux du Nouvel an, le président Bozizé avait "regretté" le manque de discipline et l'échec des Forces armées centrafricaines (Faca) devant la progression éclair de la rébellion du Séléka. En attendant l'ouverture des négociations de paix entre les parties en conflit qui s'annoncent difficiles, les appels au dialogue se multiplient au sein de la communauté internationale, préoccupée par la rapide dégradation de la situation dans ce petit pays de 5 millions d'habitants. L'ONU, qui dit suivre la situation "avec une grande inquiétude", a appelé mercredi le gouvernement centrafricain et les rebelles du Séléka au dialogue. Elle invite aussi le gouvernement et les rebelles "à se concentrer sur un dialogue susceptible d'éviter la violence et de mener à une solution pacifique", a déclaré le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky. La représentante spéciale de l'ONU en République centrafricaine Margaret Vogt "reste en contact étroit avec les parties les plus directement concernées en RCA (Centrafrique) et dans la région et a proposé le soutien de l'ONU pour des négociations politiques", a-t-il ajouté. De son côté, Washington a appelé les rebelles à "cesser les hostilités et tout mouvement vers la capitale". Paris, qui dispose de près de 600 soldats sur place pour protéger et éventuellement évacuer ses ressortissants dans cette ancienne colonie, a appelé aussi au dialogue. Le Soudan a lui aussi appelé mercredi les protagonistes de la crise centrafricaine au dialogue pour régler leurs différends politiques. Dans un communiqué, le ministère soudanais des Affaires étrangères a indiqué "suivre avec intérêt" les développements en République centrafricaine".