L'opposition à l'exploitation des gaz de schiste en Algérie a marqué mardi le débat au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN) après la présentation par le ministre de l'Energie des Mines, Youcef Yousfi, du projet de loi sur les hydrocarbures. "Je propose un amendement à ce projet de loi qui porte sur l'annulation de tous les articles relatifs aux hydrocarbures non conventionnels", a déclaré au début du débat le vice-président du groupe parlementaire du parti du FLN, Tliba Baha Eddine. Allant plus loin dans son opposition, le député FLN a soutenu que les pays occidentaux qui convoitent les réserves de gaz de schiste incitent les pays détenteurs de ces réserves à les exploiter. En introduisant l'exploitation des gaz non conventionnels, "le gouvernement ignore sciemment les dangers encourus en raison de cette exploitation et, bien au contraire, rassure que l'extraction ne va pas polluer les eaux souterraines au Sahara", a-t-il déploré. Fillali Ghouini, député de l'Allliance pour l'Algérie verte (AAV) s'est interrogé quant à lui sur l'opportunité pour l'Algérie d'aller vers les gaz de schiste, alors qu'elle dispose d'autres alternatives pour assurer sa sécurité énergétique, citant comme exemple le développement des énergies renouvelables. "Nous ne sommes pas convaincus (de cette exploitation), ceci n'est pas un discours politique, mais plutôt des propos tenus par des experts qui contredisent" vos arguments, a-t-il dit à l'adresse du ministre. "Le peuple algérien n'a nul besoin de bombes à retardement", a mis en garde M. Ghouini. Un autre député FLN, Youcef Nahet, a relevé que le ministère de l'Energie n'a pas fourni suffisamment de garanties concernant la protection de l'environnement au cours des opérations d'extraction de ce gaz, qualifiant au passage la proposition du ministère de l'Energie "d'aventure". "Les interrogations concernant les garanties de l'exploitation des gaz de schiste ne sont pas formulées pour douter de votre bonne foi. Il s'agit de projets risqués avec peu de garanties, dont les conséquences seront néfastes si on se trompe d'option", a-t-il averti. Mohamed Lahbib Koreichi, du Mouvement national pour l'Espoir, a quant lui ironisé en indiquant que même les pays pauvres détenteurs de réserves de gaz non conventionnels ont refusé leur exploitation. Au premier jour du débat du projet de loi sur les hydrocarbures, l'opposition à l'exploitation des gaz de schiste a été exprimée par des députés du FLN, de l'AAV, du Mouvement national pour l'Espoir et du Rassemblement algérien, qui sont intervenus lors de la première séance en plénière. Mardi, la commission des Affaires économiques de l'APN, qui a rendu public son rapport préliminaire sur ce projet de loi, a indiqué avoir proposé un amendement au texte du ministère de l'Energie qui consiste à soumettre toute exploitation du pétrole et du gaz de schiste à l'approbation du Conseil des ministres. Une proposition qui devrait renforcer les garde-fous concernant l'extraction de ce type d'hydrocarbures, selon des députés.