La Tunisie va tout droit vers des horizons inconnus. Elle plonge dans le flou le plus total. Quatre jours après les graves évènements de Siliana (Centre-ouest), voilà que d'autres affrontements éclatent au cœur de la capitale. Ainsi, à l'occasion du 60e anniversaire de la mort de l'ancien dirigeant syndical Farhat Hached, des centaines de syndicalistes s'étaient rassemblés près du siège de l'UGTT, appelant à la grève générale et à la démission du gouvernement, dirigé par les islamistes modérés d'Ennahda. Ce rassemblement a tourné au vinaigre. Plusieurs centaines d'islamistes armés de couteaux et de bâtons ont chargé un groupe de dirigeants de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et attaqué le siège du syndicat, place Mohamed-Ali, faisant voler les vitres en éclats à coups de pierres qui ont fait une dizaine de blessés, lors des violents affrontements mardi entre des groupes islamistes et des syndicalistes devant le siège de la centrale syndicale UGTT à Tunis, a constaté un journaliste de l'Associated Press. Les heurts ont éclaté quelques instants après le rassemblement des dizaines de membres de l'UGTT pour commémorer l'assassinat du leader syndicaliste et nationaliste Farhat Hached tué en 1952, avant l'indépendance de la Tunisie, par l'organisation française “La main rouge". Une centaine de personnes agissant au nom des Ligues de protection de la révolution, considérées comme proches du parti islamiste au pouvoir Ennahdha, a alors fait irruption place Mohamed-Ali où se trouve le siège de la centrale syndicale, agressant la foule présente à coups de bâtons et à l'aide de pierres, de couteaux et de gaz. Les assaillants qui scandaient “Le peuple veut l'assainissement de l'Union (l'UGTT)", ont déchiré les affiches et les banderoles dressées sur la place et lancé des pierres, brisant plusieurs vitres du bâtiment. Quelques dirigeants de l'UGTT ont été agressés dont les secrétaires généraux-adjoints Samir Cheffi et Hfayedh Hfayedh ainsi que Saïd Aïdi, ex-ministre de l'Emploi dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi qui a dirigé la première période transitoire. M. Hfayedh a dénoncé cette “agression sauvage" qui a fait dix blessés. Il a pointé du doigt le ministère de l'Intérieur l'accusant d'avoir fait “la sourde oreille aux appels du secrétaire général de l'UGTT", Houcine Abassi, et de “couvrir" les agresseurs. Lors de son intervention à la radio Mosaïque FM, le patron de la centrale syndicale a stigmatisé l'attaque qui a ciblé les adhérents de son organisation. Sur un ton ferme et virulent à l'adresse des partisans d'Ennahdha, M. Abassi lâche : “La porte de l'affrontement est désormais ouverte, ce sont eux qui ont l'ont voulu et personne n'arrêtera l'UGTT qui continuera à défendre la situation sociale, économique et même politique". En revanche, le porte-parole d'Ennahdha, Néjib Gharbi s'est, quant à lui, déclaré “étonné" par ces événements, accusant à son tour les milices de l'UGTT d'avoir attaqué les partisans du parti islamiste qui, selon lui, voulaient s'interposer pour calmer la situation. Il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour un retour au calme. “Ce sont des milices instrumentalisées par le parti au pouvoir et leur bras armé. C'est une honte que cela se produise à une date symbolique en hommage au martyr Farhat Hached", a déclaré Fethi Abaza, syndicaliste et enseignant. I. O.