L'Union africaine (UA) a souligné jeudi que la mise en place de la "feuille de route" pour la transition au Mali renforcera la mobilisation de la communauté internationale en appui aux efforts de l'exécutif malien. L'UA a salué le vote des députés maliens en faveur de la feuille de route pour la transition adoptée mardi par l'Assemblée nationale du Mali, appelant à la mise en application de ses différentes composantes. "Il s'agit-là d'un développement de grande portée", a déclaré l'UA dans un communiqué publié à Addis-Abeba (siège de l'organisation), soulignant que "cette avancée ne manquera pas de renforcer la mobilisation de la communauté internationale en appui aux efforts de l'exécutif malien visant à parachever la libération du nord du pays et à organiser des élections libres, régulières et transparentes, qui couronneront la transition en cours", indique le communiqué. "Les parties concernées dans le conflit au Mali sont appelées à œuvrer, dans un esprit de consensus et de responsabilité, à la mise en application des différentes composantes de la feuille de route". Elles doivent toutefois "s'abstenir de tout acte susceptible d'hypothéquer ce processus", ajoute le texte. Les députés maliens ont voté mardi à l'unanimité la mise en place d'une feuille de route politique pour l'après-guerre dans le nord du Mali, qui prévoit une discussion avec certains groupes armés dans le cadre de la "réconciliation nationale". Le document souligne que l'intervention militaire en cours menée dans le nord du pays par l'armée malienne, appuyée par l'armée française et plusieurs armées ouest-africaines, "permet d'envisager, à moyen terme, la libération totale du territoire national". Dans cette perspective, le texte souligne la nécessité "d'entamer les discussions avec les groupes armés qui ne mettent en cause ni l'intégrité territoriale du pays, ni la laïcité de l'Etat malien" et "de mettre en place une commission de réconciliation nationale". La feuille de route rappelle qu'un accord conclu en 2012 entre le Mali et ses voisins d'Afrique de l'Ouest après un coup d'Etat militaire ayant conduit au renversement le 22 mars 2012 le président Amadou Toumani Touré, prévoyait que le gouvernement de transition en place à Bamako rétablisse l'intégrité territoriale par la reconquête du Nord et organise "des élections générales, transparentes et crédibles". Lors de la Conférence des donateurs internationaux pour le Mali, tenue mardi à Addis-Abeba, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a déclaré qu'il espérait pouvoir appeler les Maliens aux urnes avant le 31 juillet. "Je voudrais réitérer notre engagement à conduire la transition en cours au Mali avec un seul agenda : le recouvrement des territoires occupés du Nord mais aussi et surtout le retour du Mali à une situation constitutionnelle normale", a assuré M. Traoré. Outre l'UA, la France et le Canada ont salué le vote à l'unanimité des députés maliens en faveur de cette feuille de route pour la transition adoptée mardi par l'Assemblée nationale du Mali. "Cette avancée constitue une étape décisive et positive du processus politique" au Mali, a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, appelant à "des mesures concrètes allant dans cette direction". "Les autorités maliennes doivent également engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes des populations du Nord (élus locaux, société civile) et les groupes armés non terroristes reconnaissant l'intégrité du Mali", a-t-il insisté. "Il importe que le pays se dirige vers des élections présidentielles et législatives libres et justes. Nous sommes heureux de voir que la plupart des principaux protagonistes au Mali semblent résolus à établir des ponts pour rétablir la démocratie, l'ordre constitutionnel et l'intégrité territoriale du pays", a estimé, pour sa part, le chef de la diplomatie canadienne. Sur le terrain, malgré des avancées réalisées par les forces maliennes et françaises, la reconquête du Nord fait craindre diverses représailles de la part des groupes terroristes. Face au "risque d'exactions" et de représailles, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a souhaité "le déploiement rapide d'observateurs internationaux" pour veiller "au respect des droits de l'homme". Human Rights Watch (HRW) avait évoqué "des risques élevés de tensions inter-ethniques" dans le Nord. Dans cette optique, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré jeudi qu'il était "grand temps d'ouvrir la voie "à la force de stabilisation africaine afin de lutter contre les groupes terroristes dans le nord du Mali, espérant que la force africaine conduite par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l'UA serait en mesure d'être rapidement déployée pour garantir la stabilité du pays. "Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé que la stabilité du Mali serait dévolu à une mission africaine. C'est la raison pour laquelle je ne vois pas de rôle pour l'Otan, en tant qu'organisation, au Mali ou dans la région. Mais je salue le fait que des pays de l'Otan aient décidé d'agir et de soutenir l'opération française", a assuré le secrétaire général de l'Otan.