Les 24 prisonniers sahraouis ou "groupe Gdeim Izik" ont refusé samedi à Rabat d'être considérés comme des détenus de droit commun, insistant sur leur droit à être traités en qualité de militants politiques et de défenseurs des droits de l'homme. "Nous ne sommes pas des criminels, mais des prisonniers politiques et nous considérons notre comparution devant ce tribunal militaire comme un procès politique", a notamment déclaré le militant Ennaama Asfari à l'audition des accusés par le tribunal, lors de la troisième audience du procès, ouvert le 1er février dernier. Evoquant le camp de Gdeim Izik, proche d'El-Ayoun occupé, au Sahara occidental où plus de 20.000 Sahraouis avaient, à lÆautomne 2010, élu domicile et avaient dressé quelque 3.000 tentes, avant d'en être délogés par les forces marocaines, M. Asfari a souligné que "c'était une bataille de protestation pacifique" et une "forme de contestation politique symbolique" par lesquelles nous réclamions les droits des Sahraouis. "C'est une forme de protestation pour rappeler les souffrances du peuple sahraoui et démontrer son lien à la terre et à la patrie", a-t-il déclaré, réaffirmant, à cette occasion, la volonté des prévenus de poursuivre le mouvement par des moyens pacifiques. Avant l'audition de ce premier témoin, un des avocats de la défense avait déclaré à l'adresse du président du tribunal que les accusés avaient "le droit de considérer leur procès comme un procès politique". Dans son intervention, le président du tribunal avait indiqué que le procès doit être mené par rapport aux faits qui se sont déroulés le 8 novembre 2010 et aux chefs d'accusation portés à l'encontre des prévenus. A l'ouverture de cette troisième audience du procès, les accusés, en tenue traditionnelle, ont brandi des "V" de la victoire et chanté l'hymne national sahraoui au moment où, à l'extérieur leurs familles organisaient un rassemblement en scandant des slogans contre leur comparution devant un "tribunal militaire illégitime" et revendiquaient l'ouverture d'une "enquête juste et honnête" sur le démantèlement, le 8 novembre 2010 du camp de Gdeim Izik suite à un assaut donné par les forces marocaines . Les requêtes préliminaires introduites par les avocats des accusés dans lesquelles ils réclament notamment que le tribunal militaire soit déclaré incompétent dans cette affaire, ont été refusées. Le tribunal a toutefois retenu tous les chefs d'accusation contre les accusés ainsi que la liste, contestée, des témoins présentée par le procureur général. Des observateurs européens, pour la plupart des magistrats, avocats et militants des droits de l'homme assistent au procès.