Le Parti du Congrès pour la République (CPR), partenaire de la coalition au pouvoir a décidé de retirer ses ministres du gouvernement tunisien actuel au moment où le mouvement islamique Ennahda a rejeté la décision concernant la formation d'un gouvernement technocrate amenant le chef de l'exécutif à menacer de se retirer du gouvernement, la Tunisie s'enfonce ainsi davantage dans une grave crise politique. Le parti du Congrès (parti du président de la République Moncef Marzouki) a décidé à l'issue de ses réunions, de se retirer du gouvernement car le mouvement Ennahdha au pouvoir a maintenu sa position en refusant de céder les portefeuilles des ministères de la Justice et des Affaires étrangères. Le parti avait demandé également la formation d'une commission représentative des partis de la coalition au sein de la présidence tunisienne pour effectuer des concertations concernant les décisions politiques et économiques ainsi que les désignations des hauts postes. Mais pour les observateurs ce retrait est plutôt motivé par la décision prise par le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, de former un gouvernement de technocrates pour diriger les affaires du pays en attendant les prochaines échéances électorales. Cependant, le mouvement islamiste Ennahda qui dirige la troïka au pouvoir a rejeté la décision du chef du gouvernement estimant que le pays a besoin d'un gouvernement politique d'entente devant être constitué sur la base des élections du 23 octobre 2011 qui ont mené à la formation de la troïka au pouvoir (Ennahda, le Congrès et Ettakattol). Des milliers de sympathisants de ce parti islamiste sont descendus samedi dans les rues pour manifester "leur soutien au pouvoir légitime" en scandant des slogans favorables à l'assemblée constituante, légitime à leurs yeux, et soutenant leur parti dans la gestion du gouvernement. Ces manifestants ont estimé que les propositions visant la dissolution de l'assemblée nationale constituante avaient pour "objectif" de créer un climat de "carence politique" de nature à plonger le pays dans l'anarchie. Pour les observateurs politiques, Hamadi Jebali, en prenant la décision de désigner un Gouvernement de technocrates, appelait à l'aide de "compétences apolitiques et de représentants de la société civile, et partant, de se libérer des contraintes dont il fait l'objet de la part des éléments durs du parti islamiste En-Nahda à qui il appartient". C'est pourquoi Hamadi Jebali a proposé un Gouvernement "politiquement impartial" chargé uniquement de gérer les affaires de l'Etat, en prévision des prochaines élections présidentielles et législatives après l'élaboration de la nouvelle constitution dont dépendront toutes les échéances. Parallèlement, il a menacé de démissionner au cas où ses efforts échoueraient dans la formation d'un nouveau gouvernement, ou que celui-ci n'aurait pas obtenu la confiance requise, facteur qui pourrait encore aggraver davantage la tension, estiment encore les observateurs.