Le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) s'est déclaré mardi favorable à la formation d'un gouvernement de technocrates, initiée par le Premier ministre, Hamadi Jebali, contre l'avis de son propre parti, pour sortir le pays d'une "situation critique". "Nous soutenons vivement la position du chef de gouvernement qui sert l'intérêt national", a déclaré Mustapha Ben Jaafar, troisième personnage de l'Etat, et chef du parti Ettakatoul allié au parti d'Ennhada qui dirige le gouvernement. Il a indiqué "mettre à disposition du chef du gouvernement" tous les postes ministériels contrôlés par son parti, soit les ministères des Finances et du Tourisme, de l'Education, de la Lutte contre la corruption et des Affaires sociales. "Ça passe ou ça casse, mais nous ne voulons pas que ça casse", a-t-il ajouté. "Sans exagérer, je peux qualifier la situation dans le pays de critique", a encore jugé M. Ben Jaafar en référence à l'assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd le 6 février. Le parti islamiste Ennahda s'est opposé à l'initiative de son numéro 2 et Premier ministre, Hamadi Jebali. Le chef du mouvement, Rached Ghannouchi, a proposé cependant mardi un compromis sous la forme d'un gouvernement remanié alliant technocrates et personnalités politiques. "Le succès de l'initiative de Jebali requiert le soutien de tous les partis y compris Ennahda", a souligné le président de l'ANC, se disant "sûr" que le parti islamiste "mettra l'intérêt national au-dessus des intérêts partisans". La Tunisie est dirigée depuis l'élection de la Constituante en octobre 2011 par une coalition entre Ennahda et deux petits partis de centre-gauche, dont celui du président Moncef Marzouki.