Le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) a dit mardi être favorable à la formation d'un gouvernement de technocrates initiée par le Premier ministre islamiste Hamadi Jebali, contre l'avis de son propre parti, pour sortir le pays d'une "situation critique". "Nous soutenons vivement la position du chef de gouvernement qui sert l'intérêt national", a déclaré Mustapha Ben Jaafar, troisième personnage de l'Etat, et chef du parti laïc Ettakatol allié aux islamiste d'Ennhada qui dirigent le gouvernement. Il a indiqué "mettre à disposition du chef du gouvernement" tous les postes ministériels contrôlés par son parti, soit les ministères des Finances et du Tourisme, de l'Education, de la Lutte contre la corruption et des Affaires sociales. "Ca passe ou ça casse, mais nous ne voulons pas que ça casse", a-t-il ajouté. "Sans exagérer, je peux qualifier la situation dans le pays de critique", a encore jugé M. Ben Jaafar en référence à l'assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd le 6 février. Le parti islamiste Ennahda s'est opposé à l'initiative de son numéro 2 et Premier ministre, Hamadi Jebali. Le chef du mouvement, Rached Ghannouchi, a proposé cependant mardi un compromis sous la forme d'un gouvernement remanié alliant technocrates et personnalités politiques. "Le succès de l'initiative de Jebali requiert le soutien de tous les partis y compris Ennahda", a souligné le président de l'ANC, se disant "sûr" que le parti islamiste "mettra l'intérêt national au dessus des intérêts partisans". M. Ben Jaafar a estimé qu'il fallait au moins "soustraire les ministères régaliens aux querelles politiques", alors que les islamistes refusent d'abandonner ces postes. La Tunisie est gouvernée actuellement par les islamistes alliés au parti de M. Ben Jaafar et à celui du président Moncef Marzouki, le Congrès pour la République (CPR), qui a rejeté l'initiative de M. Jebali.