Plusieurs hauts responsables de l'ONU ont exprimé mercredi leur préoccupation devant le sort de Palestiniens détenus par Israël, alors que des informations font état de la détérioration rapide de l'état de santé de plusieurs d'entre eux qui observent une grève de la faim et dont certains seraient proches de la mort. Les détenus palestiniens Tarek Qaadan et Jafar Azzedine sont en grève de la faim depuis 78 jours et Samer Al-Issawi observe une grève de la faim partielle depuis plus de 200 jours afin de protester contre leur détention administrative, une pratique israélienne consistant à incarcérer des individus en l'absence de preuves et de procédure judiciaire, rapporte l'ONU. "Je suis préoccupée par l'état de santé de ces trois détenus palestiniens", a déclaré la Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, qui critique le recours par Israël à la détention administrative. A ce propos, elle a soutenu que "les personnes détenues doivent être soit inculpées et présentées à un juge avec des garanties de procédures régulières, soit libérées dans les meilleurs délais". Le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés, James Rawley, a lui aussi rappelé ce principe fondamental lors de sa rencontre à Ramallah (Cisjordanie) avec le ministre palestinien responsable de ce dossier, Issa Qaraj. Les deux hommes ont tout particulièrement évoqué le sort de M. Al-Issawi qui se trouve dans un état critique. Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, a lui aussi appelé à la libération immédiate de ces trois détenus palestiniens. "Il est inhumain de prolonger l'incarcération de MM. Qaadab, Azzedine et Al-Issawi dans ces conditions. Israël est responsable de tout préjudice permanent qu'ils subiraient", a prévenu M. Falk. "Si les autorités israéliennes sont incapables de présenter des preuves pour les inculper, alors ils doivent être immédiatement libérés", a-t-il clamé. Selon le Rapporteur spécial, MM. Qaadan et Al-Issawi seraient proches de la mort et il a prévenu d'un "risque imminent d'arrêt cardiaque". Les deux hommes, qui ont été arrêtés le 22 novembre 2012 et placés en détention administrative pour une période initiale de trois mois, ont entamé leur grève de la faim le 28 novembre. Le 24 janvier, devant la détérioration de leur état de santé, ils ont été transférés dans un hôpital de Tel Aviv. Les deux hommes avaient déjà observé une grève de la faim par solidarité avec d'autres détenus palestiniens qui avaient cessé de s'alimenter en masse du 17 avril au 14 mai 2012. M. Qaadan avait été relâché en juillet et M. Azzedine en juin, avant qu'ils ne soient de nouveau incarcérés, toujours en l'absence de chefs d'accusation. "Israël doit cesser d'infliger ce traitement épouvantable et illégal aux détenus palestiniens. La communauté internationale doit réagir en urgence et utiliser tous les moyens dont ils disposent pour convaincre Israël de renoncer à la détention administrative", a souligné le Rapporteur spécial en rappelant qu'au moins 178 Palestiniens sont actuellement en détention administrative en Israël. Cette pratique suscite d'autant plus de controverses qu'elle s'accompagne de traitements particulièrement durs infligés tant au moment des arrestations que pendant la détention. A rappeler que M. Falk avait, auparavant, recommandé que la Cour pénale internationale (CPI) soit priée de rendre un avis juridique sur le transfert de prisonniers palestiniens dans des prisons israéliennes.