Des centaines de prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes ont entamé jeudi une grève de la faim collective pour protester contre la détention "inhumaine" des détenus, alors, l'ONU appelle à faire pression sur les autorités d'occupation israélienne pour mettre fin à toute forme de détention arbitraire. Plus de 360 prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes sont entrés dans une grève de la faim collective afin de soutenir les détenus qui observent une grève partielle depuis plus de 200 jours pour protester contre leur détention administrative. Plusieurs organisations de soutien aux prisonniers et aux droits de l'homme ont appelé jeudi l'Organisation des Nations Unies (ONU) et la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement israélien et à exiger qu'il rende compte pour ses violations des droits de l'homme. Ces organisations ont indiqué qu'il est impératif que les détenus palestiniens soient traités humainement, avec dignité et reçoivent immédiatement des soins médicaux indépendants. Une organisation palestinienne de soutien aux prisonniers et aux droits de l'homme a exhorté la communauté internationale à se solidariser avec tous les prisonniers et à rejoindre sa prochaine campagne mondiale contre la détention administrative, dont le lancement aura lieu le 17 avril prochain. Plusieurs prisonniers mènent la grève de la faim illimitée pour réclamer l'abolition de la détention administrative, forme de détention arbitraire qui menace l'ensemble du peuple palestinien, et elle est également une forme de torture psychologique puisque son renouvellement est souvent prononcé quelques heures seulement avant le moment de la libération prévue. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait exhorté mardi la communauté internationale à intervenir d'urgence en faveur des détenus palestiniens qui observent une grève de la faim de longue durée dans les prisons israéliennes. "Les choses risquent de devenir incontrôlables si la vie des grévistes de la faim n'est pas sauvée. Nous demandons à la communauté internationale d'intervenir efficacement pour apaiser la situation, sinon il sera impossible de la contrôler et elle va se dégrader partout dans les territoires palestiniens", avait prévenu M. Abbas à la télévision palestinienne. L'ONU s'inquiète du sort des détenus palestiniens Des hauts responsables de l'ONU ont exprimé mercredi leur préoccupation devant le sort de Palestiniens détenus par Israël, alors que des informations font état de la détérioration rapide de l'état de santé de plusieurs d'entre eux qui observent une grève de la faim et dont certains seraient proches de la mort. Les détenus palestiniens Tarek Qaadan et Jafar Azzedine sont en grève de la faim depuis 78 jours et Samer Al-Issawi observe une grève de la faim partielle depuis plus de 200 jours afin de protester contre leur détention administrative, une pratique israélienne consistant à incarcérer des individus en l'absence de preuves et de procédure judiciaire, rapporte l'ONU. "Je suis préoccupée par l'état de santé de ces trois détenus palestiniens", a déclaré la Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, qui critique le recours par Israël à la détention administrative. A ce propos, elle a soutenu que "les personnes détenues doivent être soit inculpées et présentées à un juge avec des garanties de procédures régulières, soit libérées dans les meilleurs délais". Le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés, James Rawley, a lui aussi rappelé ce principe fondamental lors de sa rencontre à Ramallah (Cisjordanie) avec le ministre palestinien responsable de ce dossier, Issa Qaraj. Les deux hommes ont tout particulièrement évoqué le sort de M. Al-Issawi qui se trouve dans un état critique. Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, a lui aussi appelé à la libération immédiate de ces trois détenus palestiniens. "Il est inhumain de prolonger l'incarcération de MM. Qaadab, Azzedine et Al-Issawi dans ces conditions. Israël est responsable de tout préjudice permanent qu'ils subiraient", a prévenu M. Falk. "Si les autorités israéliennes sont incapables de présenter des preuves pour les inculper, alors ils doivent être immédiatement libérés", a-t-il clamé. Selon le Rapporteur spécial, MM. Qaadan et Al-Issawi seraient proches de la mort et il a prévenu d'un "risque imminent d'arrêt cardiaque". Les deux hommes, qui ont été arrêtés le 22 novembre 2012 et placés en détention administrative pour une période initiale de trois mois, ont entamé leur grève de la faim le 28 novembre. Le 24 janvier, devant la détérioration de leur état de santé, ils ont été transférés dans un hôpital de Tel Aviv. Les deux hommes avaient déjà observé une grève de la faim par solidarité avec d'autres détenus palestiniens qui avaient cessé de s'alimenter en masse du 17 avril au 14 mai 2012. Plus de 4743 Palestiniens sont actuellement détenus par Israël, 10 d'entre eux sont des femmes, 193 sont des enfants et 178 sont incarcérés sous le régime de la détention administrative, une vieille mesure à laquelle Israël recourt pour détenir indéfiniment des Palestiniens sur des informations secrètes, sans les inculper ni leur permettre d'être jugés.